Scorsese, Coppola, Campion... L’appel des réalisateurs pour sauver les salles de cinémas romaines
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La région du Latium, dirigée par la droite et l’extrême droite, entend lever la protection de ces édifices que des promoteurs souhaitent transformer en supermarchés ou en hôtels.
« Il est de notre devoir de transformer ces “cathédrales abandonnées dans le désert” en véritables temples de la culture ». Dans une lettre adressée aux autorités italiennes, Martin Scorsese, Francis Ford Coppola, Jane Campion, Wes Anderson et Ari Aster appellent à la mobilisation pour empêcher les cinémas de Rome d’être transformés en centres commerciaux, hôtels et supermarchés.
« La transformation des cinémas serait un profond sacrilège non seulement pour la riche histoire de la ville, mais aussi pour le patrimoine culturel à léguer aux générations futures », peut-on lire dans l’appel lancé dimanche par les cinq réalisateurs dans le Corriere Della Sera, s’adressant directement au président italien Sergio Mattarella et à la première ministre Giorgia Meloni. Dans leur lettre, les cinq réalisateurs invitent leurs « collègues du monde entier à signer cette lettre pour sauver la dernière chance de rédemption d’une des villes culturelles et artistiques les plus importantes du monde ». Selon Indiewire , 500 personnalités du cinéma ont apporté lundi leur soutien, dont Léa Seydoux, David Cronenberg ou encore Damien Chazelle.
Depuis plusieurs mois le secteur de la Culture se mobilise à Rome contre la vente progressive d’anciens cinémas et théâtres romains que des promoteurs entendent transformer en supermarchés, salles de bingo, hôtels ou magasins. Jusqu’à présent, lorsqu’un cinéma était racheté, 70 % de son espace devait être consacré à une activité culturelle. Mais la région du Latium, dirigée par les partis de droite et d’extrême droite, veut autoriser la reprise et le changement complet d’activité de ces salles après dix ans sans activité, voire moins. Selon la présidente de la commission urbanisme de la région, un accord avec les entreprises du secteur serait « conclu à 90 % », rapporte le site d’actualité Roma Today .
Ces derniers jours la mobilisation s’est intensifiée, notamment depuis une lettre de l’architecte italien Renzo Piano, publiée dans La Repubblica, contre le projet de loi permettant aux promoteurs de transformer plus facilement les cinémas en centres commerciaux. L’architecte estime que « l’erreur que commet souvent la politique, malheureusement, est de voir ces structures uniquement comme des cinémas, en oubliant que leur usage est plus large (théâtres, salles de cinéma, salles de concert, représentations théâtrales, etc.) et qu’elles pourraient être transformées en ce qu’on appelle ici en France des tiers-lieux ».
Fragilisé par le Covid et concurrencé par la diffusion des films sur les plateformes de streaming, le secteur a perdu une centaine d’écrans dans la capitale italienne. Dans le pays en général, la fréquentation des salles a fortement baissé ces dernières années. Selon France Info, 2 000 écrans ont disparu en Italie au cours des deux dernières décennies, un phénomène amorcé bien avant la crise sanitaire.
lefigaro