Le nouvel accord de paix en Turquie verra le groupe militant kurde PKK se dissoudre

Le groupe militant kurde PKK a annoncé lundi qu'il allait se dissoudre et désarmer dans le cadre d'une nouvelle initiative de paix avec la Turquie , mettant fin à quatre décennies de conflit armé.
La décision du Parti des travailleurs du Kurdistan, qui promet de mettre fin à l'une des plus longues insurrections du Moyen-Orient et pourrait avoir un impact significatif en Turquie, en Syrie et en Irak, a été annoncée par l'agence de presse Firat, un média proche du groupe. Elle intervient quelques jours après la convocation d'un congrès du PKK dans le nord de l'Irak.
En février, le chef du PKK, Abdullah Ocalan, emprisonné sur une île près d'Istanbul depuis 1999, a exhorté son groupe à convoquer un congrès et à décider officiellement de se dissoudre.
L'appel d'Ocalan, 76 ans, qui continue d'exercer une influence significative au sein du mouvement kurde malgré ses 25 ans d'emprisonnement, a marqué une étape cruciale vers la fin du conflit qui dure depuis des décennies et qui a fait des dizaines de milliers de morts depuis les années 1980.
Profitant de cet élan, le PKK a annoncé un cessez-le-feu unilatéral le 1er mars, mais a assorti ses décisions de conditions, notamment la création d’un cadre juridique pour les négociations de paix.
Le conflit entre la Turquie et le PKK s'est étendu au nord de l'Irak et au nord de la Syrie, la Turquie menant de nombreuses incursions dans les régions voisines. Le PKK est classé comme groupe terroriste par la Turquie et ses alliés occidentaux.
Dans un communiqué diffusé par l'agence de presse Firat, le PKK a annoncé sa décision de mettre fin à sa « structure organisationnelle », suggérant que sa lutte armée a réussi à défier les politiques qui cherchaient à supprimer les droits des Kurdes.
Le congrès a estimé que la lutte du PKK avait « amené la question kurde au point d'être résolue par une politique démocratique, accomplissant ainsi sa mission historique », selon le communiqué.
« En conséquence, les activités menées sous le nom de « PKK » ont été officiellement terminées », indique le communiqué.
Le parti au pouvoir en Turquie a salué cette annonce comme « une étape importante vers l’objectif d’une Turquie sans terrorisme ».
« Si le terrorisme est complètement éradiqué, cela ouvrira la porte à une nouvelle ère », a écrit Omer Celik, porte-parole du parti du président Recep Erdogan, sur la plateforme de médias sociaux X.

Turkiye a officiellement changé son nom reconnu internationalement en 2022, mais les orthographes de Turkey et Turkiye restent courantes à mesure que ce changement est mis en œuvre.

Celik a toutefois déclaré que la décision devait s'appliquer à toutes les « branches, affiliés et structures illégales du PKK ». Il n'a pas donné de détails, mais sa déclaration semblait faire référence aux combattants kurdes en Syrie, liés au PKK et impliqués dans d'intenses combats contre les forces soutenues par la Turquie sur le terrain.
Le chef des Forces démocratiques syriennes dirigées par les Kurdes et soutenues par les États-Unis avait précédemment déclaré que l'appel d'Öcalan à un cessez-le-feu ne s'appliquait pas à son groupe en Syrie.
Les détails de l’initiative de paix n’ont pas été rendus publics et la manière dont le processus se déroulerait n’était pas claire, notamment la manière dont les armes seraient éliminées et qui surveillerait les procédures.
L'avenir des combattants du PKK demeure incertain, notamment quant à leur possible relocalisation dans des pays tiers. Les concessions que le PKK pourrait obtenir en échange de sa décision de se dissoudre n'ont pas été divulguées.
Certains analystes ont suggéré que le mouvement kurde pourrait potentiellement recevoir quelques concessions politiques, notamment une amélioration des conditions de détention d'Ocalan, la libération ou l'amnistie des politiciens kurdes emprisonnés, dont Selahattin Demirtas, l'ancien chef du parti pro-kurde du pays, et des garanties contre la destitution des maires kurdes.
Les efforts de paix précédents entre la Turquie et le groupe — le plus récent en 2015 — se sont soldés par un échec.
Des dizaines de personnes se sont rassemblées lundi devant une mosquée de la ville majoritairement kurde de Diyarbakir, célébrant l'annonce avec une danse traditionnelle kurde.
Ces dernières années, le PKK s'est limité à des attaques isolées en Turquie, l'armée turque, soutenue par des drones armés, ayant repoussé de plus en plus d'insurgés du PKK à travers la frontière montagneuse vers l'Irak.
La dernière initiative de paix a été lancée en octobre par le partenaire de coalition d'Erdogan, Devlet Bahceli, un homme politique d'extrême droite qui a suggéré qu'Ocalan pourrait bénéficier d'une libération conditionnelle si son groupe renonçait à la violence et se dissout.
Certains pensent que l'objectif principal de l'effort de réconciliation est que le gouvernement d'Erdogan obtienne le soutien des Kurdes pour une nouvelle constitution qui lui permettrait de rester au pouvoir au-delà de 2028, date à laquelle son mandat prendra fin.
