Qui est Thibault Varenne, le nouveau président de la fédération des chasseurs de la Gironde ?

Agriculteur, entrepreneur et chasseur, le quadragénaire médocain porte désormais le flambeau du plus important département cynégétique de France. Il succède à Henri Sabarot resté 28 ans à ce poste
Thibault Varenne a grandi du côté d’Hourtin, savourant la nature à portée de main. Son père vient du Lot, sa mère de Normandie. Il les a toujours vus chasser. « J’ai toujours vécu dedans. Pour moi, la chasse fait partie de la vie. » Il chasse, ses sœurs chassent.
L’instinct de prédation s’est manifesté dès la petite enfance. « J’attrapais des piafs au lance-pierre ou à l’arc », dit-il en souriant. Il voulait faire comme les grands. À peine rentré de l’école, il repartait déjà en pleine nature. « Avec les cousins, on se planquait dans les affûts, on se fabriquait des trucs. »
« J’ai toujours vécu dedans. Pour moi, la chasse fait partie de la vie »
Il se souvient avoir compté les jours avant ses 16 ans, l’âge légal pour passer le permis et, enfin, être libre de chasser. Avec son premier fusil, offert par son grand-père paternel.

Ses études en lycée agricole puis en agronomie l’ont mené à Blanquefort, Angers et Montpellier. « Je rentrais tous les week-ends pour pouvoir chasser, quitte à prendre le train de nuit », décrit-il.
Thibault Varenne a très vite appris la règle du « tu tues, tu prépares, hors de question de gâcher le gibier ». Il a testé différents modes de chasse avant de trouver sa voie : la vénerie.
À la tonne, il a découvert l’ambiance des cabanes, des copains, la magie d’un vol de canards qui se pose devant lui. « Je suis fana de ça », confie-t-il. Plutôt doué au ball-trap, il a fait du tir sportif. Mais il a vite ressenti le besoin d’un auxiliaire de chasse : le chien.
Son premier faisan, sa première bécasse, son premier canard avec Javotte, son drahthaar, ont marqué sa mémoire. Il se revoit « courir comme un fou derrière elle. C’était fabuleux de l’entendre miauler en sentant des vols de canards voler. »
« C’est l’amour du chien qui m’a mené à la chasse à courre », explique le quadragénaire, qui a désormais une petite meute d’anglo-français. « On démêle pour lui la voie de l’animal chassé. Et je me suis dit : « Je veux le vivre, je veux être celui qui mène, le patron de la meute. » »
La musique des chiens« C’est plus facile d’amener femme et enfants. Il n’y a pas d’arme, cela rebute moins et c’est ce qui se rapproche le plus de la prédation naturelle. La quête peut durer longtemps. C’est un dépassement de soi, une école de la vie. Trois fois sur quatre, l’animal chassé gagne. Et le récri des chiens, c’est quelque chose de puissant, de fabuleux, de mélodieux. »
Et, s’il ne sait pas lire une partition, il a l’oreille. À 6 ans, il a posé une trompe de chasse sur ses lèvres. L’instrument sert aux veneurs pour communiquer entre eux pendant la chasse à courre et à sonner des fanfares. « C’est prenant, vibrant, magique. »
Thibault Varenne s’est révélé être un leader naturel. « Très accro à la chasse communale et populaire », il lui est apparu comme une évidence de s’engager dans l’association communale de chasse agréée (Acca) d’Hourtin avec le sentiment d’avoir des choses à apporter.
« C’est plus facile d’amener femme et enfants à la chasse à courre. Il n’y a pas d’arme, cela rebute moins »
Il a fait ses armes en s’occupant des tonnes au bord du lac. Également « un malade de pêche », il s’est beaucoup investi dans la gestion des milieux humides. « Si on veut protéger les ressources, il faut un milieu accueillant, alors on a restauré et nettoyé. »
« Quand tu aimes, tu gères »Vouant une vraie passion au roi de la forêt, le cerf, Thibault Varenne a œuvré à l’organisation de soirées d’écoute du brame. « J’avais 5 ans quand j’ai ramassé un bois de cerf, c’était comme un trésor. » Il en a retenu que, « quand tu aimes, tu gères ».
Il est entré en 2013 à la Fédération départementale des chasseurs. Une suite logique. Pas facile d’être le benjamin parmi les administrateurs. « C’est une grosse entreprise, une machine de guerre », a-t-il constaté. Mais ça, il sait faire.
Agriculteur, homme de challenge et entrepreneur dans l’âme, Thibault Varenne s’est investi en 2010 dans La Ferme de Lizan, à Naujac-sur-Mer, un magasin de proximité spécialisé dans la nutrition animale, la pêche, la chasse, le jardin, l’équitation et le terroir.
En 2018, il s’est lancé avec un voisin dans la méthanisation des déchets agricoles avec Biogaz. S’occupant entre autres du permis de chasser à zéro euro, de la commission grand gibier, son dada, de la communication, Thibault Varenne a de même gravi les échelons à la FDC33.
Jusqu’à devenir premier vice-président, puis président. « Henri Sabarot est venu me chercher en 2013. Il m’a trimbalé partout et m’a fait rencontrer des tas de gens », remercie le nouveau président. Il aime ce côté relationnel et quelque peu politique de sa fonction. Il ne va pas tout chambouler, mais saura imprimer sa patte.
Un vrai défi, voire un sacerdoce. « Je ne manque pas d’activité, je ne m’ennuie pas dans la vie, se justifie-t-il, mais je suis au premier rang, je peux faire quelque chose. Je veux que mes enfants chassent, je n’imagine pas un monde sans chasse. »
> Cet article est issu du supplément de la rédaction « Ouverture de la chasse: une passion grandeur nature » paru dans les éditions de « Sud Ouest » des 12 et 13 septembre 2025 et à retrouver sur le kiosque sur sudouest.fr
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