«Il y a trop de gens» : le plus grand village naturiste de France condamné par la cour d’appel de Bordeaux
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Attaqué par trois résidents qui lui reproche d’accueillir trois fois plus de personnes qu’initialement prévu, Euronat s’en défend. Condamné par le cour d’appel le 30 janvier, le plus grand village naturiste de France s’est pourvu en cassation.
Le plus grand village naturiste de France est dans le viseur de la justice pour la deuxième fois. Déjà accusé par la mairie de Grayan-et-l’Hôpital, où il s’est installé sur 335 hectares de pinède girondine, d’avoir construit illégalement certains de ses logements, Euronat est également attaqué en justice par trois de ses résidents propriétaires. Il reproche au centre naturiste de recevoir désormais trois fois plus de personnes que les 5000 usagers mentionnés par les arrêtés préfectoraux, datés de 1973, lors de l’achat de leur bungalow entre 1990 et 2011. Une hausse du nombre de naturistes accueillis qui impliquent que les espaces partagés sont également trois fois plus peuplés.
Déboutés face au tribunal judiciaire de Bordeaux, en octobre 2022, les trois requérants ont obtenu gain de cause face à la cour d’appel de Bordeaux, le 30 janvier. Dans un arrêt que nous avons pu consulter, la cour d’appel de Bordeaux interdit à Euronat de procéder à toute nouvelle construction de bungalows ou d’emplacement de camping sans la compenser par la suppression d’un autre. Au titre du préjudice de jouissance des trois résidents, Euronat se voit également condamné à verser 30.000 euros à chacun d’entre eux, en sus de sommes de réparation au titre du préjudice économique allant d’environ 19.000 euros à quasiment 53.000 euros.
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Une décision que le directeur d’Euronat, Jean-Michel Lorefice, nous déclare avoir appris «avec stupeur» tant elle «va l’encontre du jugement de première instance». Soutenant «qu’Euronat a rempli ses obligations et respecté les procédures administratives portant sur la construction de nouveaux bungalows», le centre naturiste annonce se pourvoir en cassation en regrettant «l’hostilité» des trois résidents. «La densité à Euronat est supérieure à ce qui était prévu, rétorque Jean Fourcade, vice-président de l’association IFE-AIDE, qui défend les intérêts des propriétaires et dont les trois requérants sont membres. Certains propriétaires considèrent qu’il y a trop de gens et que cela dénature l’esprit initial des lieux.»
Selon Jean Fourcade, cette procédure judiciaire n’a par ailleurs aucun lien avec le caractère naturiste des lieux. Pourtant, à la différence des nudistes, les naturistes prônent un rapport à la nature et privilégient généralement les lieux intimes et peu peuplés. «Si Euronat avait été un centre non-naturiste, nos trois adhérents auraient contesté en justice aussi», insiste-t-il néanmoins.
lefigaro