« Je n‘ai jamais pleuré pour le décès de ma maman » : à « Top Chef », les bouleversantes confessions de Quentin

« Et là, Jésus arrive ! ». À la vue de Pierre Gagnaire, Charlie jubile, à l’image des quatre autres candidats de « Top Chef » – Charles, Esteban, Quentin et Margaux - qualifiés pour cette nouvelle soirée des inspecteurs du Michelin.
Au menu, deux épreuves et un coup de cœur à empocher. Le chef multi-étoilé va les épauler pour la première, la plus personnelle, la plus intime : « Je cuisine qui je suis ».
Charlie le Normand part en bord de mer avec un maquereau fumé à l’eucalyptus, comme ces branches et feuilles qui servaient à allumer le barbecue sur le terrain de son grand-père où il campait enfant. Il y ajoute nombre d’herbes issues de cueillette, activité qu’il affectionne particulièrement.
Margaux mise sur une soupe de poisson, avec un bouillon à la façon de sa mamie Paulette, un jus de crabe, une pomme de terre confite, un grondin juste passé à la flamme du chalumeau et un aïoli au persil…
Ce sera un pigeon pour Charles, voyageur, comme lui, parti de Fontainebleau pour la Polynésie puis le Cambodge. Au pigeon, il allie morille, coco et poivre de Kampot. Esteban pense à une déclinaison truite et maïs, en hommage à sa mère. « Chaque fois que je cuisine, je pense à elle », glisse-t-il.
Quentin aussi, qui fait référence, lui, au décès de sa mère. « J’ai commencé la cuisine au moment où j’ai perdu ma maman. J’avais 14 ans. C’est ce métier qui m’a aidé à me reconstruire tout simplement, ça m’a clairement sauvé », explique, face caméra, le candidat qui intitule son plat « Destruction personnelle ».
Ce drame, il n’en a jamais trop parlé, « par pudeur », mais voit l’occasion d’exprimer « cette émotion-là (…) restée à l’intérieur (…) pendant des années ». Il couvre sa fleur de daïkon et truite d’une tuile de betterave rouge qu’il faudra venir casser avec une cuillère. Comme le cœur qui explose…
« C’est difficile d’exprimer un malheur dans une cuisine », glisse Glenn Viel. « Même difficile pour celui qui déguste », appuie Stéphanie Le Quellec. « C’est une prise de risque énorme… Après s’il a envie de le faire, qu’il le fasse », reprend Viel.
« J’ai eu la vie qui fait que je n’ai pas le choix de me bouger le cul tous les jours, continue le jeune homme. Si je suis là, à pouvoir sourire, c’est clairement grâce à tout ça, c’est le dépassement de soi tous les jours ».
En coulisses, il l’ignore encore, son père est là. Il lui explique son idée avec émotion et laisse échapper quelques larmes… Ils n’en ont jamais vraiment parlé… « C’est bien d’en parler », lui glisse son père en l’embrassant avec force. « J’ai jamais pleuré pour le décès de ma maman », confie encore Quentin. Là, oui. « C’est la clim », lance son père, une pirouette teintée de pudeur.
À la dégustation, les inspecteurs sont touchés par l’histoire de Quentin. « On sent qu’il y a plein de sentiments mélangés dans cette assiette », note l’un d’eux. « Tu auras passé le message à ta maman, je pense à la mienne au passage, bravo », le félicite Glenn Viel.
Touchés, mais pas convaincus. Ils préfèrent « L’iode à la Normandie » de Charlie qui récolte la première enveloppe rouge. Dans leur mot, les inspecteurs saluent « l’un des meilleurs maquereaux que nous avons mangé ».
Avantage Charlie pour le coup de cœur final. À lui de bisser en réinterprétant le Saint-Honoré, salé ou sucré, thème de la seconde épreuve supervisée par Anne Coruble, cheffe pâtissière de l’année 2024. « Il va falloir décaper le machin », souffle Paul Pairet. On peut compter sur Quentin qui y va de sa version forestière avec des champignons. Charlie mise sur le topinambour, avec une chantilly au mélilot et un caramel miso. « Il a toujours la bonne approche Charlie », note Le Quellec.
Margaux réalise de superbes choux et ose une ganache montée au chocolat blanc Charles ne se sent « par ouf » sur le sujet en partant sur des saveurs butternut. Qu’il se rassure, il y a plus dans les choux que lui. Esteban n’a jamais ni fait ni mangé de Saint-Honoré. Et niveau dressage, sa proposition à la vanille brûlée et à l’ail noir laisse à désirer. Les inspecteurs le notent et regrettent un ail noir imperceptible. L’interprétation de Quentin est « réussie » quand celle de Margaux aurait gagné à plus de légèreté.
La surcuisson de sa pâte feuilletée met Charles dans la panade. Quant à Charlie, malgré une sous-cuisson des choux, il l’emporte à nouveau. C’est sa soirée ! Aussitôt l’avion décolle, « le concorde ! », hurle Paul Pairet partant en célébration les bras en ailes, suivi de Charlie et de papi Michel…
« Là c’est le hold-up », sourit le candidat qui reçoit son second bouton synonyme de coup de cœur des inspecteurs d’un Paul Pairet un genou à terre comme pour une demande en mariage.
Le Normand empoche son aller direct pour les phases finales, il va pouvoir se poser un peu. Pas Esteban qui reçoit l‘enveloppe noire, synonyme d’épreuve éliminatoire qu’à nouveau on retrouve dans « Les brigades cachées », en tardive deuxième partie de soirée… Il y rejoint Philippine et Claudio. Sucré salé, c’est le thème, qui laisse un goût amer à la première. Fifi trébuche sans vraiment faillir avec son tartare de thon. Elle sort ce soir et avec elle, Hélène Darroze qui n’a plus de candidat. C’est bras dessus dessous qu’on les voit quitter les studios…
Le Parisien