Tiratricol : une nouvelle option pour une maladie héréditaire extrêmement rare



Le syndrome d'Allan-Herndon-Dudley (SAH) est très rare. Seuls 371 cas ont été recensés à ce jour. L'anomalie génétique sous-jacente étant localisée sur le chromosome X, elle ne touche que les hommes. / © Getty Images/twomeows
Le syndrome d'Allan-Herndon-Dudley (SAH) est une maladie rare caractérisée par un déficit en T3, l'hormone thyroïdienne, dans le système nerveux central (SNC) et un excès périphérique de T3 (thyrotoxicose périphérique). Il est dû à un déficit en transporteur monocarboxylate 8 (MCT8), un transporteur spécifique des hormones thyroïdiennes. Ce déficit est dû à des mutations du gène SLC16A2, situé sur le chromosome X.
Avec seulement 371 cas recensés, la maladie est très rare. Elle touche exclusivement les hommes. Non traité, le TDAH s'accompagne, entre autres symptômes, d'hypotension, de faiblesse musculaire et de déficits intellectuels sévères. Les taux d'hormones thyroïdiennes sont altérés de manière caractéristique : taux sériques de T3 nettement élevés, taux de T4 libre (fT4) faible à normal et taux de TSH normal à légèrement élevé. Un test génétique moléculaire détectant les mutations du gène SLC16A2 confirme le diagnostic.
Le tiratricol (acide 3,3',5-triiodothyroacétique) est un métabolite biologiquement actif de la T3, naturellement circulant, capable de pénétrer dans les cellules indépendamment de MCT8. Il peut ainsi remplacer la T3 dans les tissus dépendants de MCT8 et restaurer l'activité normale des hormones thyroïdiennes dans ces tissus. Le tiratricol (comprimés d'Emcitate 350 µg pour suspension, Rare Thyroid Therapeutics International AB) est approuvé pour le traitement de la thyrotoxicose périphérique chez les patients présentant un déficit en MCT8 et un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDA) dès la naissance.
La dose initiale recommandée dépend du poids du patient. Si le patient pèse moins de 10 kg, le traitement est instauré à 175 µg par jour (un demi-comprimé) ; pour un poids de 10 kg ou plus, le traitement est instauré à 350 µg par jour. La dose quotidienne doit être augmentée progressivement toutes les deux semaines jusqu'à atteindre une dose d'entretien permettant d'obtenir un taux sérique de T3 inférieur à la médiane de la normale pour l'âge du patient. Le taux de T3 doit être déterminé par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem (LC/MS/MS). Lors des immunoessais, le tiratricol présente une réaction croisée avec la T3, ce qui fausse les résultats des tests.
La dose quotidienne totale doit être répartie en une à trois prises réparties sur la journée. La procédure d'administration est la suivante : dans un petit verre, dissoudre un maximum de quatre comprimés par dose unique dans 30 ml d'eau potable, en remuant avec une cuillère à café pendant une minute. La suspension blanchâtre obtenue est ensuite prélevée à l'aide d'une seringue de 40 ml et administrée lentement au patient, par voie orale, à l'intérieur de la joue. L'administration par sonde gastrique est également possible. 10 ml d'eau potable supplémentaires sont ensuite ajoutés au verre et agités avec une cuillère à café pendant environ cinq secondes. Cette suspension est ensuite prélevée du verre à l'aide de la même seringue et administrée au patient.

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