Le Kremlin tente de convaincre le monde qu’il n’y a rien à discuter avec le président ukrainien – parce qu’il ne devrait plus être en fonction.

Le président russe Vladimir Poutine présentera aujourd'hui devant un large public son point de vue sur la situation politique et économique mondiale au Forum économique international de Saint-Pétersbourg. Le discours du chef du Kremlin dans sa ville natale et une table ronde avec des invités internationaux constituent chaque année le point d'orgue du forum.

Cette fois, l'accent sera probablement mis sur la guerre entre Israël et l'Iran et sur la guerre de Poutine contre l'Ukraine. Les dirigeants moscovites profitent de cette conférence, qui accueille 20 000 invités venus de 140 pays, pour se présenter au monde sous un jour positif et défier l'isolement international recherché par l'Occident.

La nuit précédant cet incident, l'armée russe avait de nouveau attaqué son pays voisin depuis les airs. Des explosions et des incendies avaient été signalés à Kharkiv, dans l'est de l'Ukraine. Des bombes planantes avaient été larguées sur la région de Soumy. Par ailleurs, l'armée de l'air ukrainienne avait de nouveau détecté des essaims de drones de combat russes dans le ciel.

Pendant ce temps, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a contredit les déclarations de Poutine, qui avait de nouveau nié sa légitimité à la tête de l'État à Saint-Pétersbourg. Dans un message vidéo, Zelensky a déclaré : « Je suis prêt à rencontrer, sous quelque forme que ce soit, ceux qui (...) disposent de l'autorité appropriée, y compris Poutine, même s'il a outrepassé son mandat constitutionnel d'au moins trois mandats. »

Le chef du Kremlin a officiellement accepté de négocier avec Zelensky pour mettre fin à la guerre qui dure depuis plus de trois ans. Il remet toutefois en question la légitimité de Zelensky, arguant que son mandat expire en 2024. Or, les élections ne sont pas autorisées en Ukraine sous la loi martiale, tout comme la Constitution allemande les interdirait en cas d'état de défense. Poutine a consolidé son pouvoir en écartant progressivement ses opposants de la scène politique et en rendant les élections en Russie de plus en plus incertaines. Il contrôle de fait le destin de la Russie depuis le début du millénaire.

Pour se défendre contre son grand voisin, l'Ukraine dépend particulièrement de l'aide de l'administration du président américain Donald Trump. « Il est souhaitable de mettre fin à la guerre pendant le mandat du président Trump (qui court jusqu'à début 2029) », a déclaré Zelensky à Kiev. « Je compte fermement sur son aide. Je compte sur l'influence des États-Unis. » Les sanctions sont tout aussi nécessaires que la diplomatie.

Les relations entre Trump et Zelensky sont tendues. Les efforts annoncés avec assurance par le président américain pour mettre fin à la guerre n'ont jusqu'à présent abouti à rien.

Zelensky a nommé le général de brigade Hennady Shapovalov nouveau commandant des forces terrestres ukrainiennes. Il occupait récemment le poste d'officier de liaison au quartier général de l'OTAN à Wiesbaden, où il coordonnait l'aide militaire à l'Ukraine. Ce remaniement de l'armée est devenu nécessaire après que le commandant précédent, Mykhailo Drapaty, a demandé sa démission début juin. Il a reconnu la responsabilité de la mort de douze soldats tués lors d'une attaque de missiles russes sur une zone d'entraînement militaire dans la région de Dnipropetrovsk.

Selon le ministre de l'Intérieur, Ihor Klymenko, l'Ukraine a également accueilli des Russes morts lors du rapatriement de milliers de corps de soldats russes. Dans un message sur Telegram, le ministre n'a toutefois pas précisé le nombre de cas de ce type.

« L'ennemi nous complique délibérément l'identification des morts, en créant le chaos et en mélangeant les corps des soldats russes avec ceux des Ukrainiens », a écrit Klymenko. Des photos montraient la prétendue carte d'identité militaire et la plaque d'identification d'un soldat russe mort, censé avoir été remis à l'Ukraine. Aucune confirmation indépendante n'a été apportée à ce sujet.

La Russie a restitué plus de 6 000 corps de soldats à l'Ukraine ces derniers jours. Moscou en a reçu plus de 50. Cette mesure, ainsi qu'un échange de prisonniers, s'inscrivait dans le cadre des gestes humanitaires convenus par les deux parties belligérantes à Istanbul début juin.