Une journée à la plage pour les enfants rohingyas déplacés en Malaisie

Langkawi, Malaisie – Sur une petite plage de l’île de Langkawi, un groupe d’enfants rigolent et jouent, profitant du soleil et des douces vagues. Certains construisent des châteaux de sable, d’autres jouent sur la balançoire à proximité. Un petit groupe s’affaire à trouver des coquillages et à les ramasser pour les offrir à leur professeur.

Tous les enfants sont des réfugiés rohingyas. Certains sont nés en Malaisie, d’autres sont arrivés par bateau après avoir fui les persécutions et les violences au Myanmar. Arafat Mohammad encadre ses élèves avec le sourire. Il se souvient qu’il n’y a pas si longtemps, ils avaient trop peur de marcher sur le sable, et encore moins de patauger dans l’eau.

« Les enfants étaient très effrayés lorsqu’ils voyaient la mer. Ils entendaient toujours leurs parents leur dire que la mer était dangereuse, que c’était là que leurs proches mouraient pendant leurs voyages en bateau », a déclaré Arafat. « Les enfants sont donc traumatisés. Ils pensent que s’ils vont à la plage, ils mourront. En venant ici, j’essaie de leur montrer que la plage est un endroit où ils peuvent jouer et que la mer n’est pas seulement un lieu de mort. »

Arafat est arrivé à Langkawi en 2013. Il travaillait comme enseignant au Myanmar. « En 2012, l’armée birmane avait déjà incendié de nombreux villages où vivaient des Rohingyas. Ils procédaient systématiquement à ce qu’ils appelaient le « nettoyage des villages », a-t-il déclaré. « Les gens étaient terrifiés. Sous nos yeux, des bébés ont été tués. Des femmes ont été violées. »

Arafat a déclaré qu’il avait aidé des victimes d’agressions sexuelles commises par l’armée à signaler leur situation à des organisations non gouvernementales (ONG) et à demander un traitement médical. En raison de son engagement auprès d’organisations humanitaires, il a déclaré avoir été pris pour cible par l’armée. « Les militaires ont encerclé ma maison, ils ont tout pris, même mes livres », a-t-il déclaré.

Arafat a quitté la Birmanie par bateau. À son arrivée en Malaisie, il a trouvé un emploi informel dans le secteur hôtelier. Mais il s’est vite senti obligé de recommencer à enseigner après avoir réalisé que les enfants rohingyas de sa nouvelle communauté n’avaient pas accès à l’éducation. « J’ai appelé les parents et j’ai essayé de les convaincre de l’importance de l’éducation et du fait qu’il s’agissait d’un droit fondamental pour les enfants. Les uns après les autres, les enfants ont commencé à venir à l’école », raconte-t-il.

Arafat compte aujourd’hui 34 élèves, âgés de 5 à 12 ans. Les parents versent une petite cotisation pour couvrir les frais, et l’école est également soutenue par des ONG locales. « J’enseigne aux enfants l’anglais, les mathématiques, les sciences sociales et les sciences. Les cours portent également sur l’importance de l’hygiène, le respect et les bonnes manières », explique Arafat.

« La Malaisie nous a donné un abri. Nous sommes reconnaissants envers le peuple malaisien. Je sais qu’il y a beaucoup d’ethnies différentes en Malaisie, mais ici, les gens se respectent, ils ne se détestent pas. Je veux que les enfants apprennent cela aussi. »

La Malaisie n’est pas signataire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés ni de son Protocole de 1967. Les réfugiés n’ont pas de statut légal pour travailler ou étudier, mais beaucoup parviennent à trouver un emploi informel. Cela signifie souvent que certains parents ne sont pas en mesure de payer régulièrement leurs frais de scolarité. « Je dis aux parents : n’ayez pas honte. Dans tous les cas, les enfants doivent continuer à apprendre, qu’ils paient ou non », a-t-il déclaré.

« Certains enfants sont déjà presque adolescents et ne savent toujours pas lire parce qu’ils n’ont jamais étudié auparavant. Je leur dis : « Ce n’est pas grave, nous allons commencer par l’alphabet, dès le début. S’ils savent lire et écrire, peut-être qu’ils auront un meilleur avenir. »