Aux élections locales, votons-nous pour le passé ou pour le futur ?

Historiquement, les élections locales sont des moments clés pour la participation des citoyens au processus démocratique de leur territoire. Cependant, une question inévitable se pose, surtout en cette période : pour choisir qui gouvernera, regardons-nous vers le passé ou vers l'avenir ? La réponse est relativement claire : nous faisons les deux simultanément, même si pas toujours consciemment.
D'un côté, voter peut être rétrospectif, car nous portons en nous le souvenir de ce qui a été (ou non) accompli durant le mandat. Des infrastructures utiles ont-elles été créées ? Les services publics ont-ils été améliorés ? Les besoins les plus immédiats de la population ont-ils été satisfaits ? Le poids du passé nous conduit, en tant qu'électeurs (minimum) rationnels, à récompenser ou à pénaliser ceux qui sont au pouvoir. Ainsi, si la performance des titulaires est jugée positive, ils ont tendance à être reconduits ; si elle n'a pas répondu aux attentes, une marge de manœuvre s'ouvre. D'un autre côté, voter peut aussi être prospectif, lorsque nous projetons nos attentes et choisissons le parti/candidat qui, selon nous, peut contribuer à un avenir meilleur pour notre territoire.
Stratégies fragiles
Au cours des 51 dernières années de démocratie au Portugal, les collectivités locales ont joué un rôle central dans le fonctionnement du système politique, constituant l'un des niveaux décisionnels les plus importants en termes de proximité avec les citoyens, de prestation de services publics, de participation citoyenne et de mise en œuvre des politiques publiques. Cependant, malgré les progrès réalisés, la mise en œuvre de stratégies concrètes de développement durable reste fragile dans de nombreuses municipalités portugaises, même après que l'Agenda 2030 des Nations Unies et ses 17 Objectifs de développement durable ont tracé la voie à suivre pour plusieurs pays à différents niveaux institutionnels et territoriaux il y a dix ans.
Il est donc urgent de continuer à parler de développement durable. Il est urgent d'abandonner les promesses abstraites, les slogans écologistes et les campagnes utopiques. L'urgence est une volonté commune et large d'agir localement pour relever les défis qui (depuis trop longtemps) sont à nos portes et compromettent notre sécurité : les incendies de forêt récurrents chaque été, les inondations qui détruisent habitations et infrastructures, le manque de logements abordables dans les villes, le vieillissement et la désertification de nombreux territoires de l'intérieur, la pauvreté qui affecte la vie de milliers de personnes, entre autres.
Des engagements plus larges
Les collectivités locales doivent s'aligner sur des engagements plus larges, tels que le Pacte vert pour l'Europe, Portugal 2030, le Plan de relance et de résilience et les objectifs climatiques de l'Union européenne. L'avenir des territoires (portugais) dépend de plus en plus de leur capacité à articuler les aspirations et les besoins locaux (notamment dans des domaines cruciaux comme l'éducation, la santé, la mobilité, le logement, l'énergie, etc.) avec les « interdépendances mondiales ». Ces interdépendances s'inscrivent dans l'interaction complexe des systèmes économiques, sociaux, environnementaux et politiques qui constituent le développement durable. Par conséquent, le Portugal n'étant pas isolé, il est nécessaire d'envisager l'« ensemble » et non seulement une « partie » du système, et de reconnaître la pression humaine sur le système terrestre, qui présente des limites géochimiques et physiques et obéit à des lois naturelles.
Face à un avenir quelque peu incertain, voter représente bien plus que récompenser ou pénaliser ceux qui ont gouverné. Il s'agit de choisir ceux qui ont la vision, le courage, la stratégie et la responsabilité de préparer le présent et l'avenir. Ceux qui cherchent à apporter de nouvelles réponses aux différents défis. Ceux qui privilégient et investissent dans la prévention et la transformation structurelle du territoire et de la vie des citoyens. Ceux qui comprennent que protéger le système Terre implique de protéger l'économie, les communautés et tout ce qui les soutient. Ceux qui respectent le temps géologique de notre planète et pas seulement la brève durée de la gouvernance. Ceux qui encouragent la participation à la vie de la cité, car la démocratie locale ne s'arrête pas au vote : elle s'étend à la vie civique au quotidien.
Début d'une nouvelle ère ?
Peut-être que le 12 octobre 2025, la question à se poser n'est pas simplement : « Votons-nous pour le passé ou pour l'avenir ? » La question la plus pertinente est peut-être de savoir si nous sommes prêts à exiger de nos dirigeants un engagement clair et cohérent en faveur du développement durable (local) – compris non comme une mode politique, mais comme une condition de survie, « vivre bien dans les limites de la planète ».
Si la réponse est « pas encore », alors nous devons admettre que nous resterons prisonniers du cycle du court terme, fait de souvenirs, de promesses et d'une grande myopie. Mais si la réponse est « oui », les élections locales de 2025 pourraient marquer le début d'une nouvelle ère pour l'aménagement et le développement de nos territoires.
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