Nuages sombres au-dessus de l'empire des cosmétiques. Des milliers d'emplois menacés.

Le géant mondial des cosmétiques est aux prises avec une grave crise financière, qui entraîne des milliers de suppressions d'emplois et une baisse des ventes, mais promet en même temps une nouvelle ère de la beauté sous le slogan « La beauté réinventée ». Estée Lauder parviendra-t-elle à retrouver sa gloire d'antan ?
Estée Lauder Companies (ELC) vient d'annoncer 3 200 suppressions d'emplois, tandis que 3 800 autres postes sont toujours menacés.
Cela fait partie d'un vaste plan de restructuration, « Beauty Reimagined », qui vise à améliorer la rentabilité et à augmenter les revenus jusqu'à 1 milliard de dollars par an .
Le plan n’est cependant pas bon marché : l’entreprise prévoit que les coûts des licenciements s’élèveront entre 1,2 et 1,6 milliard de dollars, dont les changements ont déjà absorbé près de 747 millions de dollars en indemnités de départ et en rémunérations supplémentaires, ce qui est la norme dans de tels licenciements massifs à grande échelle.

Face à des mesures aussi radicales, il n'est pas surprenant que les investisseurs aient les yeux rivés sur Stéphane de La Faverie, président-directeur général d'ELC . Pourtant, lors d'une conférence téléphonique résumant les activités de l'entreprise à ce jour, le PDG s'est montré étonnamment optimiste :
« Nous sommes très satisfaits des progrès réalisés. L'équipe est véritablement engagée face aux défis à venir. Ce n'est que le début de la dynamique croissante que nous connaîtrons dans les années à venir », a-t-il assuré.
Selon lui , non seulement la structure de l'entreprise change, mais aussi sa culture : l'accent doit être mis sur l'ambition et la responsabilité dans tous les domaines d'activité.
Estée Lauder, MAC : ventes en baisse. Tom Ford Beauté : stable, mais rien de spectaculaire.Cependant, les chiffres sont difficiles à ignorer. Le chiffre d'affaires net a chuté de 8 % à 14,3 milliards de dollars, et le bénéfice brut a reculé de 5 % à 10,5 milliards de dollars. Les baisses les plus importantes ont été enregistrées dans la division soins de la peau, où les ventes ont chuté de 12 % , en particulier auprès des clients d'Estée Lauder et de La Mer.
Le marché du maquillage n'a pas été beaucoup plus favorable, avec une baisse de 5 % de la marque emblématique MAC Cosmetics. Il est intéressant de noter que même les nouveaux lancements comme la collection M·A·C Nudes et le rouge à lèvres MACximal Sleek Satin n'ont pas aidé.
La catégorie des parfums a mieux résisté, les marques de luxe Le Labo et Kilian Paris compensant la faible performance de Tom Ford Beauty, même si la croissance a également ralenti. En revanche, la catégorie des soins capillaires a enregistré la plus forte baisse, avec une baisse de 10 %, principalement due à la fermeture des boutiques Aveda.

Les changements apportés à la stratégie de vente au détail de l'entreprise en Asie ont porté un coup dur. La Corée et la Chine ont réduit leurs commandes en duty-free, et le moral des consommateurs, notamment en Chine, reste prudent. Le seul point positif a été la croissance au Japon et sur le marché du luxe chinois, où La Mer et Tom Ford continuent d'attirer les clients.
Quelle est la prochaine étape pour Estée Lauder ?Si le bilan des derniers mois n'est guère positif, Estée Lauder n'a aucune intention de céder du terrain à la concurrence. L'entreprise adapte activement sa production et sa chaîne d'approvisionnement afin d'atténuer l'impact des droits de douane mondiaux et de l'évolution des politiques commerciales. Elle prévoit des pertes liées aux droits de douane pouvant atteindre 100 millions de dollars en 2026 , mais compte également compenser largement ces pertes.
De La Faverie envisage l'avenir avec confiance :
– Après trois années de baisse , nous abordons 2026 avec l’espoir d’une reprise et d’un retour à une rentabilité opérationnelle à deux chiffres – a-t-il souligné.
Cette vision se réalisera-t-elle ? La situation d'Estée Lauder prouve que même les plus grands acteurs du luxe doivent aujourd'hui faire face à l'incertitude du marché. Et dans le jeu de la beauté du futur, ce ne sont pas seulement des milliards de dollars qui sont en jeu, mais aussi la fidélité des consommateurs.