Les djihadistes gagnent des millions grâce aux « taxes » collectées auprès des pêcheurs et des agriculteurs

Les djihadistes de l'État islamique de la province d'Afrique de l'Ouest (ISWAP) qui sévissent au Nigeria et dans les pays voisins gagnent environ 200 millions de dollars par an, principalement grâce à des taxes informelles sur les pêcheurs et les agriculteurs vivant dans la région du lac Tchad, où il n'y a pas d'administration gouvernementale, estime l'agence de presse indépendante The New Humanitarian (TNH).

La zone du lac Tchad contrôlée par l'ISWAP englobe actuellement le Niger, le Tchad, le Cameroun, le Burkina Faso, le Mali et certaines parties du nord du Nigéria. Souhaitant s'étendre aux États du nord-est et du centre du Nigéria et établir un califat en Afrique de l'Ouest, les terroristes ont besoin d'argent pour payer leurs soldats et acheter des armes, des munitions, du matériel pour la fabrication d'engins explosifs improvisés et des véhicules.

La base du financement de leurs activités est constituée par les « impôts » illégalement imposés à la population, mais le budget des bandits reçoit également les profits des enlèvements et les récompenses versées par le siège de l'État islamique (ISIS) pour les équipements saisis à l'armée nigériane et autres butins de guerre.

Le New Humanitarian estime que les revenus de l'ISWAP provenant des taxes illégales prélevées sur les pêcheurs, les éleveurs et les agriculteurs travaillant dans la zone qu'il contrôle s'élèvent à plus de 191 millions de dollars par an.

L'ISWAP utilise trois catégories de « taxes ». Elle perçoit auprès des éleveurs de bovins une taxe allant de 3,3 % à 1 %, selon la taille du troupeau. Cela lui rapporte environ 3,7 millions de dollars par an.

Des frais distincts sont facturés aux non-résidents qui pénètrent temporairement sur les territoires contrôlés par l'ISWAP. Il s'agit principalement de pêcheurs et de marchands de poisson. Ils doivent s'acquitter de 13 dollars pour l'entrée seule et, avant de quitter la zone avec leurs prises, ils doivent s'acquitter d'une taxe de pêche d'environ 2,60 dollars par carton de 100 kilogrammes de poisson. De plus, ils sont assujettis à une taxe professionnelle. Il s'agit de la principale source de revenus de l'ISWAP, générant environ 183 millions de dollars par an.

Un tribut distinct est versé par tous les villageois, y compris les membres de l'ISWAP. Selon TNH, cela génère environ 5 millions de dollars de revenus annuels pour les djihadistes.

L'ISWAP adhère à une interprétation salafiste extrémiste de l'islam, qui considère tous ceux qui n'y adhèrent pas comme des apostats et des infidèles. Par conséquent, l'ISWAP cible les non-musulmans, principalement les chrétiens, en recourant souvent à la violence et aux exécutions, qui ont fait de nombreux morts au cours de la dernière décennie. L'ISWAP rejette les frontières étatiques et s'oppose aux gouvernements élus, réclamant leur abolition par la violence et l'instauration d'un État religieux.

Tadeusz Brzozowski (PAP)

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