L'UE pourrait lever les sanctions contre un oligarque russe pour transférer des actifs à la banque Raiffeisen

L'Union européenne pourrait lever les sanctions sur les actifs liés à l'oligarque russe Oleg Deripaska pour indemniser Raiffeisen Bank International pour les dommages subis à la suite d'une décision de justice russe, a rapporté vendredi le Financial Times, citant des responsables européens.
Selon des sources proches du dossier, le dernier projet de sanctions contre la Russie prévoit le dégel des actions de l'entreprise de construction autrichienne Strabag, dont Oleg Deripaska était actionnaire. Leur valeur est estimée à environ 2 milliards d'euros.
Ces actifs doivent être transférés à la banque Raiffeisen, qui compensera entièrement l'amende infligée à cette banque par le tribunal russe.
Des sanctions de l'UE ont été imposées à un oligarque russe en raison de son soutien matériel présumé au « complexe militaro-industriel russe » lors de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par le Kremlin.
Comme l'a rapporté le journal britannique, certains responsables européens craignent que « cette mesure légitime les efforts des oligarques pour contourner les sanctions de l'UE contre la Russie et donne du pouvoir aux tribunaux russes, qui, en représailles aux sanctions, ordonnent la confiscation d'actifs occidentaux ». Selon certaines sources, les ambassadeurs de plusieurs pays de l'UE doivent se réunir vendredi pour discuter d'un nouveau train de restrictions visant la Russie. Une opposition à la mesure proposée par l'Autriche est attendue.
Le Financial Times a souligné que Raiffeisen est une banque occidentale et leader du marché russe depuis 2022, année du début de l'invasion militaire russe de grande envergure en Ukraine. À cette époque, la banque a subi des pressions de la part des régulateurs et des gouvernements étrangers pour quitter la Russie, comme l'ont fait de nombreuses autres entreprises occidentales.
La banque autrichienne tente de réduire ses activités, mais les régulateurs russes hésitent à le faire. Selon des sources proches du dossier, Raiffeisen est l'une des rares banques à offrir actuellement aux Russes un accès au système international de paiements interbancaires SWIFT. Le journal britannique prédit qu'« une éventuelle vente (de Raiffeisen) entraînerait probablement des sanctions occidentales contre la banque et son propriétaire, la coupant ainsi des marchés mondiaux ».
Le journal a rapporté que la banque et Deripaska avaient tenté en vain un échange d'actifs pour débloquer la participation de 24 % du Russe dans Strabag , qu'il détenait via sa société Rasperia. L'opération a échoué, craignant qu'elle ne contourne les sanctions de l'UE.
L'UE et les États-Unis ont ensuite imposé des sanctions à un autre oligarque russe, Dmitri Beloglazov, et à plusieurs entités impliquées dans l'opération. Deripaska a vendu Rasperia, y compris les actions Strabag gelées, à Beloglazov. Rasperia a alors poursuivi Raiffeisen en justice. Un tribunal russe a condamné la banque autrichienne à verser 2 milliards d'euros de dommages et intérêts et à transférer les actions Strabag à Raiffeisen.
Un communiqué publié par la banque en janvier soulignait que le jugement « n'est pas contraignant en Autriche et que, par conséquent, le transfert des actions est inapplicable ». Il précisait également que « les actions Strabag détenues par Rasperia font l'objet d'un gel des avoirs en vertu des sanctions de l'UE, ce qui empêche actuellement leur transfert ».
Comme l'explique le FT, « la proposition actuellement en discussion à Bruxelles permettrait à Raiffeisen de devenir propriétaire des actions sanctionnées, ce qui reviendrait en pratique à mettre en œuvre la décision du tribunal russe. »
De Londres Marta Zabłocka (PAP)
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