Les institutions culturelles néerlandaises et belges lancent un boycott d'Israël : « Il s'agit d'un signal collectif »
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Un groupe de 250 institutions culturelles néerlandaises et flamandes et plus de 750 artistes lancent un boycott culturel d'Israël. Ils affirment ne plus vouloir rester en marge d'un « génocide du peuple palestinien reconnu par toutes les institutions faisant autorité ». Parmi les signataires de la déclaration figurent l'artiste visuelle Marlene Dumas, le Bonnenfantenmuseum, le Theater Oostpool, le Festival du film des Pays-Bas et la compagnie de danse ISH.
Les signataires s'engagent à ne plus collaborer avec des organisations ou entreprises israéliennes. Ils n'exposeront plus leurs œuvres dans les théâtres, salles de concert, musées ou festivals israéliens. Les organisations israéliennes qui ont « dénoncé sans équivoque le génocide » à Gaza sont exemptées du boycott, précisent les initiateurs dans un communiqué de presse.
« La société israélienne est tellement liée à l'apartheid et à l'occupation que le simple fait de payer des impôts en Israël et de participer à ses activités économiques y contribue », déclare le dramaturge et critique de théâtre Marijn Lems, à l'origine du boycott, avec la dramaturge Nan van Houte et la spécialiste du théâtre Sruti Bala. « Nous voulons accroître la pression sur Israël, car les politiciens ne le font pas. »
Ce boycott fait suite à de précédentes manifestations mondiales d'artistes demandant la cessation de leur collaboration avec Israël. Début septembre, un groupe de cinq mille cinéastes internationaux, dont le réalisateur Yorgos Lanthimos et Carice van Houten, ont déclaré qu'ils ne collaboreraient plus avec les organisations israéliennes.
Plus tard en septembre, plus de quatre cents artistes, dont le groupe post-punk Fontaines DC, ont suivi l'exemple israélien en retirant leur musique des plateformes de streaming. Le mois dernier, cinq pays, dont les Pays-Bas, ont également annoncé qu'ils ne participeraient pas au Concours Eurovision de la Chanson si Israël revenait l'année prochaine.
Ne s'adresse pas aux particuliersCes actions ont créé une dynamique de boycott aux Pays-Bas et en Belgique, explique Lems. Parmi les signataires figurent de nombreux théâtres et compagnies théâtrales, tels que le Toneelgroep Maastricht, Het Zuidelijk Toneel et le Theater Kikker. Lems : « Nous disposons du plus grand réseau du secteur. »
Sur les 450 organisations auxquelles l'appel a été lancé, une grande majorité participe au boycott. « Toutes les institutions n'arrivent pas à la même conclusion », explique Lems. « Certains se demandent : l'art ne devrait-il pas être une force unificatrice ? » Il sait également que certaines organisations sont encore en discussion sur la question. « Plus une institution est grande, plus les discussions internes sur une décision comme celle-ci sont longues. Les petites organisations peuvent accepter plus rapidement. »
On ignore si des artistes ou des institutions culturelles ont déjà mis fin à leurs collaborations avec des partenaires israéliens en raison du boycott. « Nous n'avons aucun lien avec des organisations israéliennes que nous devons rompre en raison de ce boycott, mais lorsque nous programmons, de nouvelles relations naissent constamment », explique Jeroen Bartelse, directeur de TivoliVredenburg.
Ces derniers mois, TivoliVredenburg a eu des discussions sur Gaza avec les artistes israéliens qui s'y sont produits : l'écrivain Yuval Noah Harari et le bassiste Avishai Cohen. « Mais le boycott nous permet de fixer une ligne plus claire et de dire à certaines organisations : nous ne collaborerons pas. » Cela ne s'applique pas aux artistes israéliens individuels, explique Bartelse, mais plutôt, par exemple, à un orchestre, un ensemble ou une compagnie de théâtre israéliens. « Il ne faut pas se concentrer sur des individus ; ils jouent souvent un rôle crucial dans le changement interne ou hésitent à s'exprimer publiquement, par exemple par crainte pour la sécurité de leur famille ou de leurs amis. »
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Pour le Théâtre d'Utrecht, les conséquences du boycott seront plus indirectes, explique la directrice artistique Anne Breure. Cela inclut les bouteilles de Coca-Cola qui ne sont plus vendues dans les salles, ou le SodaStream qui n'est plus utilisé pour la production d'eau gazeuse. Le Théâtre d'Utrecht a déjà décidé d'arrêter la production de ces marques : Coca-Cola est présent dans les territoires palestiniens occupés, tandis que SodaStream est une marque israélienne, précise Anne Breure.
Elle a discuté des scénarios possibles avec l'équipe du Théâtre d'Utrecht. « Nous refuserions toujours une proposition si une compagnie de théâtre israélienne qui ne s'oppose pas au génocide proposait de coproduire le spectacle de nos rêves, par exemple. »
« Concrètement, nous pouvons nous intéresser à Microsoft, que nous utilisons toujours », explique Breure. Le Guardian a rapporté en août dernier que Microsoft stockait sur ses serveurs des données militaires de l'armée israélienne, notamment des écoutes téléphoniques entre Palestiniens de Cisjordanie. Cependant, l'entreprise a annoncé il y a une semaine que l'armée israélienne n'était plus autorisée à utiliser les systèmes Microsoft.
Ce n'est pas qu'elle pense que Coca-Cola n'apportera pas de changements majeurs ; c'est la déclaration collective qui compte, estime Breure. « Ce n'est pas sans conséquences. Tant que le gouvernement néerlandais n'agira pas, nos secteurs – le sport, l'université ou la culture – devront s'en charger. »
L'effet du boycott ne se limite pas à sa mise en œuvre, explique Lems, l'initiateur. « Il s'agit aussi du message collectif que vous envoyez. »
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