La Corvette ZR1 est la supercar la plus abordable au monde. La conduire m'a époustouflé.

Sur le circuit des Amériques d'Austin, une ligne droite lisse relie l'épingle du virage 11 au virage 12, où les freins fondent. Longue de près de 1,8 km, elle est appréciée des pros comme des amateurs chanceux, car c'est là que les gaz s'ouvrent, que les aspiration se forment et que les vitesses les plus élevées en course se produisent. Les pilotes de NASCAR y frôlent les 290 km/h. Les F1 frôlent les 340 km/h. Les pilotes de MotoGP flirtent régulièrement avec les 350 km/h. Moi, amateur chanceux, j'ai dépassé les 270 km/h au volant de la Corvette ZR1 de 2025. La vie ne sera plus jamais la même.

La première chose à savoir sur la ZR1, la Corvette la plus puissante de l'histoire, c'est qu'elle est propulsée par un moteur jamais vu sur une voiture de série : un V8 biturbo à vilebrequin plat de 5,5 litres. Pour ceux qui n'ont pas suivi de formation en ingénierie automobile, ce vilebrequin plat permet au moteur de monter plus vite en régime et de produire une sonorité plus aiguë, rappelant davantage le rugissement d'une F1 que le rugissement d'une voiture américaine. Associée aux deux turbos, la ZR1 développe une puissance maximale de 1 064 ch et un couple de 828 lb-pi à 6 000 tr/min. Le 0 à 100 km/h est de 2,3 secondes (la ZR1X hybride afficherait un temps inférieur à deux secondes), avec une vitesse de pointe d'environ 340 km/h.

La statistique la plus impressionnante de la ZR1 est peut-être son prix : les modèles de base démarrent à 180 000 $. C’est peut-être la meilleure affaire de l’histoire de l’automobile. Des voitures de sport hautes performances aux spécifications similaires peuvent se vendre des centaines de milliers, voire des millions, de plus.

Le plus rapide au départ

La ZR1 a l'avantage sur ses rivales européennes les plus rapides, passant de 0 à 60.

Corvette ZR1 : 2,3 secondes Porsche 911 Turbo S : 2,6 secondes Lamborghini Huracán Evo : 2,9 secondes McLaren Artura : 3,0 secondes Ferrari Roma : 3,4 secondes

Comment Chevrolet a-t-il conçu une voiture capable de rivaliser avec les Bugatti, McLaren et Porsche à un prix nettement inférieur ? L'une des solutions a consisté à renoncer aux matériaux de construction exotiques que l'on retrouve dans la plupart des voitures de luxe. Installez-vous dans l'habitacle et découvrez un intérieur plus souple que luxueux. Fibre de carbone, aluminium brossé et beaucoup de cuir, certes. Mais l'ambiance évoque moins un habitacle de première classe qu'un avion de chasse. Et je pense que c'est là tout l'intérêt.

Au virage 11, en épingle à cheveux, je me suis engagé dans la ligne droite et j'ai accéléré, quand quelque chose d'inattendu s'est produit. Le monde extérieur s'est dissipé et le bruit de la route s'est estompé. Les seuls sons qui subsistaient étaient ma propre respiration et le rugissement du V8. J'allais vite, plus vite que jamais, mais le temps avait ralenti. Tout semblait en apesanteur. Je ne faisais qu'un avec la voiture. Est-ce à cela que ressemblera la singularité ?

Après avoir terminé mon tour, l'un des ingénieurs Chevrolet n'a pas manqué de souligner le côté pratique de la ZR1. « On pourrait même l'emmener au supermarché ! » a-t-il proposé. Certes, la ZR1 offre un petit espace de chargement à l'arrière – on pourrait y ranger un jeu de clubs de golf – mais ce n'est pas pour ça qu'on l'achète. On l'achète pour la piloter.