Des côtes aux allures de montagnes. Ce que les rues bondées du Tour de France nous révèlent sur le cyclisme.


Photo de Charly Lopez pour ASO
Le journal sportif
Sur les routes empruntées par la Grande Boucle, un flot quasi ininterrompu de coureurs peints en jaune, à pois rouges, en vert et dans toutes les couleurs de l'arc-en-ciel s'est déversé. C'est la même chose chaque année, même pendant les années noires du cyclisme, celles du dopage. Sur ce Tour de France, cependant, plus…
Un étrange sentiment de désorientation nous a envahis en découvrant les images des premières étapes du Tour de France 2025. Comme si nous étions devant un miroir capable de déformer ce que nous observions, de le rendre différent de ce que nous attendions, ou du moins de ce que nous étions en droit d'attendre.
Sur les routes empruntées par la Grande Boucle, un flot quasi ininterrompu de personnes peintes en jaune, à pois rouges, en vert et de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel s'est déversé. C'est la même chose chaque année, même pendant les années noires du cyclisme, celles gangrenées par le dopage.
Mais ce Tour de France l’est encore plus.
Le Mont Cassel est une petite colline du département du Nord, à mi-chemin entre Amiens et Calais. Une de ces ascensions, parmi tant d'autres, qui ne marqueront jamais l'histoire du cyclisme. Elle était située à bonne distance de la ligne d'arrivée de la troisième étape, une étape vouée, par la force des choses, à se conclure par un sprint massif . Autour de Tim Wellens, qui venait de quitter le peloton pour prendre des points pour le Grand Prix de la Montagne, deux vagues de supporters se sont séparées pour lui laisser quelques mètres de marge. Un décor alpin ou pyrénéen. Un décor autrefois réservé aux étapes de haute altitude.
Une scène s'est déroulée non seulement lors de la montée vers le Mont Cassel, mais presque partout où la route montait au cours de cette semaine de course, dépourvue de montées, mais pleine de crêtes, de collines et de monticules, et quelle que soit leur distance par rapport à la ligne d'arrivée.
Un témoignage d'amour pour un sport qui s'est reconstruit après avoir failli imploser à cause des produits chimiques et de l'inquisition publique . Et il est désormais capable de raviver la passion d'un peuple qui a autrefois tenté de le détester, sans y parvenir pleinement, capable d'oublier ce qui s'est passé et de lui donner une nouvelle chance. Surtout, il est capable d'attirer des enfants et des jeunes qui n'ont jamais connu ce passé, mais qui ont hâte de pouvoir marcher au bord de la route avec l'espoir de rentrer chez eux avec une gourde, une casquette, un sac à dos, ou même simplement le bruit du vent, le cliquetis des chaînes et des roues, le tourbillon de couleurs offert par le peloton à son passage.
On verra des plateformes plus fréquentées. Elles suivront les coureurs jusqu'à Paris. Elles atteindront leur apogée dans les ascensions pyrénéennes et alpines, comme toujours ; il y en aura beaucoup ailleurs. Car cet ailleurs a été extrêmement compliqué par les organisateurs de la Grande Boucle.
On a hâte de voir ce qu'il adviendra de ce Tour de France . Car si Tadej Pogacar a clairement montré, lors du contre-la-montre de Rouen à Mûr-de-Bretagne , qu'il était le plus fort – et de loin –, il est tout aussi vrai que Jonas Vingegaard et Remco Evenepoel n'ont aucune envie d'assister à une nouvelle victoire solitaire du champion du monde . Et ils ne le sont pas, même si peu, presque personne, à vrai dire, n'atteignent leur niveau.
Si les grands sponsors sont de retour dans le cyclisme, si le nombre de spectateurs sur le bord des routes et à la télévision ne cesse de croître, c'est avant tout grâce à eux. Pour eux et pour ceux, comme Mathieu van der Poel, Kévin Vauquelin, Ben Healy, Quinn Simmons, Matteo Jorgenson, Romain Grégoire et compagnie, qui n'ont pas apporté la peur du risque sur ce Tour de France.
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