Vente ou Bourse : Armani dicte l'avenir du groupe

Vendre Giorgio Armani Spa ou l'introduire en bourse. Le créateur, décédé jeudi dernier à l'âge de 91 ans, n'a rien laissé au hasard et a dicté à ses héritiers la voie à suivre pour l'avenir de son entreprise, qui affichait un chiffre d'affaires de 2,3 milliards d'euros et employait 10 000 personnes. Dans l'un de ses deux testaments, notarié le 9 septembre mais publié huit jours après son décès, il détaillait toutes les étapes à suivre pour l'entreprise. Dans l'autre, il prévoyait la répartition de son patrimoine, composé de nombreux biens immobiliers, d'œuvres d'art et d'obligations d'État, entre ses proches.
À la Fondation Giorgio Armani, créée il y a neuf ans, le créateur a transféré sa participation de 99,9 % dans l'entreprise, en accordant l'usufruit de 90 % à son associé et bras droit Leo Dell'Orco, à ses trois neveux et à sa sœur Rosanna, cette dernière, comme Roberta Armani, n'ayant aucun droit de vote.
Mais il a imposé à l'entité, dans son testament, l'obligation de céder une première tranche, égale à 15 % du capital, dans un délai d'un an ou au plus un an et demi après l'ouverture de la succession. « King George » a également indiqué l'acquéreur idéal, citant « en priorité » LVMH, EssilorLuxottica et L'Oréal, tous honorés mais quelque peu surpris d'apprendre ses dernières volontés. Ou encore un autre groupe « opérant dans la mode et le luxe de même rang » que les trois grands, donnant « la priorité aux groupes avec lesquels l'entreprise entretient déjà des partenariats ».
Essilux est l'une d'entre elles, et 2 % ont été attribués par Armani directement à Dell'Orco et aux membres de sa famille, avec des parts plus petites attribuées à d'autres personnes qu'il favorisait.
Le concepteur ne s'est pas arrêté là et a établi que dans 3 ou au plus 5 ans la Fondation vendra au même acheteur une autre tranche de 30% ou au plus 54,9%, vendant ainsi finalement jusqu'à 69,9 pour cent.
Si cette voie n'est pas suivie, l'alternative indiquée par le créateur est une introduction en bourse à la Bourse de Milan ou sur une autre place boursière dans un délai de trois à cinq ans au plus tard, à la demande de Dell'Orco, de son neveu Andrea Camerana, fils de Rosanna, ou de Silvana Armani, fille – comme Roberta – de son défunt frère Sergio. Si cette initiative n'est pas retenue, la Fondation devra « dans tous les cas » introduire l'entreprise en bourse dans un délai de cinq à huit ans au plus tard. Quelle que soit la voie choisie, la Fondation est vouée à rester actionnaire minoritaire, conservant au moins 30,1 % du capital de l'entreprise.
Chaque étape, à commencer par celle déjà franchie pour amener la Fondation à détenir 100% de Giorgio Armani Spa (dont elle détenait auparavant 0,1%), ou celles qui restent à franchir, implique des actions, des droits de vote et une gouvernance différenciés en fonction des différents types d'actions, de A à F, attribuées à chaque héritier, et une nouvelle catégorie qui sera ajoutée lors de l'entrée d'un nouvel actionnaire « industriel ».
Dans tous les cas, le testament désigne un notaire et un avocat comme membres du comité de surveillance qui « surveilleront et veilleront à ce que les obligations de la Fondation », qui ne sont pas de simples recommandations, soient remplies.
Notant que, selon le testament, toutes les décisions stratégiques sont confiées à Dell'Orco et à sa famille, avec le soutien de la Fondation, le comité exécutif de l'entreprise est intervenu pour souligner que la première tâche de l'institution sera de nommer un PDG, poste occupé jusqu'à son décès par Giorgio Armani, également président de l'entreprise qu'il a fondée il y a 50 ans. Le designer a par ailleurs nommé au conseil d'administration de la Fondation son neveu Andrea et la notaire qui l'a également soutenu dans son testament, Elena Terrenghi.
Le testament de Giorgio Armani L'Oréal étudie la possibilité d'acquérir une participation dans ArmaniLe géant des cosmétiques L'Oréal a exprimé son intention de « considérer avec beaucoup d'attention » une éventuelle prise de participation dans le groupe de Giorgio Armani, qui dans son testament a demandé à sa fondation de céder 15% de son capital à un géant du luxe comme LVMH, EssilorLuxottica, ou L'Oréal lui-même.
« Nous sommes impressionnés et honorés que M. Armani ait envisagé L'Oréal comme investisseur potentiel dans sa formidable entreprise. Nous étudierons attentivement cette opportunité, qui s'inscrit dans notre longue histoire commune », peut-on lire dans un communiqué adressé à l'Agence France Presse par le géant mondial des cosmétiques, détenteur de la licence Armani pour les parfums et cosmétiques depuis 1988.
ansa