Tarifs américains : la croissance de l'Italie anéantie d'ici 2025 avec des tarifs de 30 %

À moyen et long terme, la résilience caractéristique des entreprises italiennes permettra d'absorber le choc des droits de douane américains. « Le problème se situe à un horizon d'un an, notamment pour les secteurs les plus exposés aux États-Unis, comme l'industrie pharmaceutique, l'agroalimentaire ou certains secteurs de la construction mécanique », observe Marco Daviddi, associé gérant d'EY, qui vient de publier la deuxième édition du Bulletin Parthénon d'EY, qui évalue également l'impact potentiel des mesures protectionnistes sur l'économie de notre pays.
Selon les estimations d'EY, une éventuelle confirmation de droits de douane de 30 % à compter du 1er août entraînerait une réduction cumulée du PIB de 1,4 %, effaçant ainsi la croissance attendue de 0,6 % (qui devrait atteindre +0,8 % en 2026), avec un impact négatif estimé à un peu moins de 30 milliards d'euros entre 2025 et 2026. Si les droits de douane étaient confirmés à 20 %, comme annoncé début avril, l'impact économique est estimé à environ 20 milliards d'euros, soit une contraction de 65 % par rapport aux attentes de croissance (-0,9 % cumulé entre 2025 et 2026). L'analyse n'estime pas l'impact des droits de douane potentiels à 10 % car, selon les prévisions d'EY, le montant des droits de douane ne devrait pas descendre en dessous de 20 %.
« Certains secteurs seront directement touchés », ajoute Daviddi. « Je pense notamment à ceux qui exportent le plus vers les États-Unis, comme les produits pharmaceutiques, l'agroalimentaire et certains secteurs de la construction mécanique. Mais il est clair que si une telle dynamique se déclenchait, les conséquences et les effets toucheraient tous les secteurs, car la situation freinerait la propension des entreprises à investir et celle des particuliers à consommer. »
Les tarifs douaniers auront également un impact géographique : alors que l'Italie, tout comme l'Allemagne, pourrait être particulièrement touchée en raison de sa forte nature industrielle et orientée vers l'exportation, les analyses d'EY (menées au niveau européen) estiment un impact similaire sur tous les pays de l'UE.
« Malgré ce contexte complexe et très incertain, les entreprises italiennes font preuve d'une remarquable capacité d'adaptation », note Daviddi. « Ces derniers mois, nous avons observé une forte réflexion, une prise de conscience et une action active de la part des entreprises, qui ne sont pas restées inactives, à observer ou à attendre les décisions gouvernementales. » Ceci est confirmé par certaines données du premier semestre 2025 : EY a constaté une croissance significative des investissements étrangers, avec une hausse de 17 % des transactions annoncées (143 contre 122 sur la même période en 2024), ainsi qu'une augmentation de leur valeur, passant de 7,1 milliards d'euros au premier semestre de l'année dernière à 13,5 milliards d'euros.
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