La beauté inépuisable de ce qui est connu et familier


Photo de Phil Hearing sur Unsplash
les vacances
La mer, les collines, contempler l'horizon tout en s'accrochant à la persévérance. Un mirador dans un microcosme toujours le même.
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Depuis de nombreuses années, je passe une grande partie de mes vacances au bord de la mer, à Ponte Sasso di Fano. Une mer certes plus petite, périphérique, sablonneuse, dépourvue de profondeur et de rochers pour mesurer la puissance des vagues, mais qui n'en est pas moins belle et évocatrice. Une mer dont les teintes pâles se fondent rapidement dans le ciel, éloignant l'horizon, et qui évoque non pas l'inconnu, ni peut-être le désir d'évasion, mais plutôt la richesse inépuisable du connu et du familier – bref, une mer qui est « nôtre », comme les collines qui l'entourent. Bien des choses ont changé au fil des ans, évidemment : les maîtres-nageurs, les parasols, la chaleur, les enfants ont grandi et leurs petits-enfants ont pris leur place. Mais je me défends en m'accrochant à la persévérance. Plus qu'un vacancier, je me sens désormais comme une sorte de vigie dans un microcosme que je m'obstine à considérer toujours comme identique. Le pouvoir de suggestion, pourrait-on dire, est peut-être celui de la vieillesse, mais c'est ainsi …
Je crois que cette atmosphère familière, à la fois calme et agitée, imprègne toute la région des Marches. On la retrouve dans les « montagnes bleues », dans les bois, dans les villages nichés sur les collines qui descendent doucement vers la mer, et même dans les vagues. Une persistance qui ne se laisse pas écraser par le changement, mais l'accepte, se renouvelant sans cesse et sans éclat ; une beauté unique et largement méconnue, qui donne à de nombreux habitants des Marches le sentiment d'être privilégiés par la nature et l'histoire.
Sur la côte où j'habite, internet fonctionne très mal, et il y a des jours où on ne peut même pas regarder la RAI, mais contempler la mer et les collines depuis sa terrasse est vraiment captivant. Impossible de rester là à faire autre chose ; même lire devient difficile ; on peut tout au plus jouer avec ses petits-enfants, en essayant souvent de contenir au maximum leur envie d'aller à la plage, pour ne pas la regarder . Mais cela aussi est salutaire. Cela préserve notre décrépitude et celle d'une société où il n'y a plus d'enfants, même si beaucoup jouent encore sur la plage et dans les eaux peu profondes de Ponte Sasso, où le sable, aujourd'hui comme toujours, représente le carburant idéal pour leur imagination : faisons ceci, faisons cela ; peu importe si, au final, nous ne faisons rien ; les enfants savent pertinemment que ce sont des constructions sur le sable ; leur plus grande satisfaction est de pouvoir simplement les imaginer avec quelqu'un d'autre. Pour le reste, je suppose que quiconque vient passer ses vacances dans cette région connaît bien la beauté de l'arrière-pays d'Ancône et de Pesaro, les villages et châteaux de la région d'Arcevia et de la vallée de Cesano, sertis comme des perles dans un cadre naturel déjà magnifique, sublimé par le travail de générations d'agriculteurs. Sans parler de la gastronomie et des vins des Marches . Ici, vous avez l'embarras du choix entre l'arrière-pays et la mer. Mon restaurant préféré, par exemple, se trouve à Fano : « Cile's ». L'ambiance y est chaleureuse, les prix sont raisonnables et la cuisine est excellente.
J'y allais tous les jours, ne serait-ce que pour déguster l'incontournable sorbet citron-réglisse ; j'y vais encore dès que je peux, car j'adore l'ambiance. Le patron prend les commandes, et les serveuses, toutes des femmes, le font avec gentillesse et affabilité, comme si elles connaissaient depuis toujours, même les nouveaux venus, mais surtout, avec discrétion. Contrairement à ce qui se passe habituellement dans les stations balnéaires, par miracle, ici, les convives parlent à voix basse, ce qui permet de converser librement sans entendre les conversations des tables voisines ni se réfugier rapidement, comme cela m'arrive, dans une sorte de silence stupéfait. J'aime particulièrement y aller pour dîner, en attendant la promenade nocturne sur le front de mer. Sauf à la pleine lune, on ne voit pas la mer la nuit, mais on entend son bruit . Elle raconte une histoire vieille de millions d'années, incomparablement plus longue que la nôtre, et pourtant familière. Persévérance, encore.
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