Le « Big Beautiful Bill » de Trump pourrait coûter des milliers de vies, selon des chercheurs universitaires

Le Sénat a approuvé mardi la dernière version du vaste plan de dépenses fiscales et migratoires du président Donald Trump. Le vice-président J.D. Vance a voté de manière décisive, à l'issue d'une séance nocturne. Alors que le projet de loi est désormais soumis à la Chambre des représentants, il fait l'objet d'un examen minutieux concernant les dispositions qui proposent la plus importante réduction de Medicaid depuis les 58 ans d'existence du programme. Le projet de loi de réconciliation prévoit des coupes budgétaires de plus de 1 000 milliards de dollars dans Medicaid au cours de la prochaine décennie, une mesure qui a suscité de rares critiques publiques au sein du Parti républicain. S'exprimant au Sénat ce week-end, le sénateur Thom Tillis de Caroline du Nord s'est interrogé sur l'impact de cette mesure sur ses électeurs. « Que vais-je dire à 663 000 personnes dans deux ou trois ans ? », a-t-il demandé, « si le président Trump rompt sa promesse en les excluant de Medicaid faute de financement ? » Selon les projections de chercheurs des universités de Pennsylvanie, de Harvard et de Yale, le bilan pourrait être bien pire que la simple perte d'assurance maladie. Leur analyse estime que les réductions proposées de Medicaid pourraient entraîner plus de 51 000 décès supplémentaires chaque année, touchant particulièrement les personnes âgées, pauvres ou atteintes de maladies chroniques. Actuellement, Medicaid couvre environ un Américain sur cinq, notamment les familles à faibles revenus, les personnes handicapées et les personnes âgées en soins de longue durée. Parmi les plus vulnérables figurent les 13 millions de personnes bénéficiant à la fois de Medicare et de Medicaid. Ces personnes dépendent des subventions de Medicaid pour se procurer des médicaments vitaux. Les chercheurs estiment que 18 200 personnes doublement éligibles pourraient mourir chaque année si ces subventions venaient à disparaître. Le projet de loi introduit également des exigences de travail pour la plupart des bénéficiaires de Medicaid adultes non âgés et met fin aux crédits d'impôt majorés sur les primes d'assurance maladie prévus par l'Affordable Care Act (ACA). Une étude distincte menée par des chercheurs de Yale prévoit que ces changements pourraient entraîner plus de 20 000 décès supplémentaires chaque année en raison de la perte de couverture d'assurance. Une autre disposition du projet de loi retarde d'une décennie la mise en œuvre des nouvelles normes de dotation en personnel des maisons de retraite. Sur la base d'études établissant un lien entre la dotation en personnel infirmier et la mortalité des résidents, des chercheurs de l'Université de Pennsylvanie estiment que ce retard pourrait entraîner 13 000 décès supplémentaires par an parmi les résidents des maisons de retraite. Les experts préviennent que l'impact réel de ces coupes budgétaires s'étendra bien au-delà des statistiques de couverture. Les États, contrairement au gouvernement fédéral, doivent fonctionner avec des budgets équilibrés, et la forte réduction du financement fédéral de Medicaid obligera probablement les gouverneurs et les législatures à réduire les prestations, à réduire l'admissibilité ou à imposer des limites de durée de couverture. Les prestataires de soins de santé ruraux et urbains, notamment les hôpitaux et les cliniques, devraient également en subir les conséquences, nombre d'entre eux étant potentiellement contraints de réduire leurs services ou de fermer leurs portes. Lire aussi | Pourquoi le « Big Beautiful Bill » de Trump est important : ce qu'il contient, ce qu'il signifie et pourquoi le combat a été si acharné