Touristes en Italie : ce piège routier qui vous attend au cœur des villes

À première vue, rien ne les distingue d’une rue ordinaire. Pourtant, franchir une ZTL sans autorisation entraîne des amendes automatiques. Nos conseils pour les éviter cet été.
C’est un piège dans lequel tombent chaque année des milliers de touristes français en Italie, souvent sans le savoir : les ZTL, ou Zona a Traffico Limitato. Ces zones à circulation restreinte, implantées dans la plupart des centres historiques italiens, visent à préserver le patrimoine, réduire la pollution et fluidifier la circulation. Mais pour les automobilistes étrangers, elles deviennent fréquemment synonymes d’amendes salées.
Des amendes en cascadeSix avis de recommandés dans une boîte aux lettres. Pas un, mais six ! En se rendant à la poste fin juin pour récupérer ces six lettres, Jimmy C. pensait à un bug informatique, un courrier envoyé par erreur six fois. Il ne s’imaginait pas une seule seconde que le ciel était en train de lui tomber sur la tête : «Il s’agit d’amendes pour des infractions commises à Salerne, sur la côte amalfitaine , plus d’un an plus tôt, en mai 2024», raconte-t-il dépité. «Je pensais que les six courriers étaient identiques. En regardant en détail, j’ai vu que les jours et horaires différaient.» Il ne comprend pas : aucune contravention sur le pare-brise, des dizaines de voitures garées comme lui… Où est le problème
Passer la publicitéContrairement à une idée reçue, les ZTL ne sont pas physiquement fermées par des barrières ou des plots automatiques. «En agglomération le conducteur accédait dans une zone à circulation restreinte sans autorisation». Dans cette phrase, réside la réponse à ses questions. Il est, sans le savoir, entré six soirs de suite dans une zone à trafic limité.
Rien ne le lui signalait clairement : seulement un discret panneau blanc cerclé de rouge indique l’interdiction, accompagné d’horaires ou de mentions précisant les catégories autorisées (bus, résidents, taxis…). Ces panneaux, souvent discrets ou écrits uniquement en italien, passent facilement inaperçus, surtout dans des villes comme Florence, Rome, Milan, Bologne ou Pise, où la signalisation est parfois peu lisible pour les visiteurs étrangers.
À quoi servent les ZTL ?Les ruelles des villages médiévaux italiens ne sont absolument pas dimensionnées pour la circulation automobile. Et les centres historiques des villes touristiques ne sont pas capables d’absorber des flux ininterrompus de véhicules. Les ZTL empêchent donc la circulation intempestive pour la tranquillité des riverains, pour la sécurité des piétons, pour la sauvegarde des bâtiments, pour éviter d’aggraver la pollution de l’air et tout simplement parce qu’il est parfois impossible de passer dans des venelles avec une voiture, encore moins de s’y garer.
La ZTL est surveillée par « Controllo elettronico », un lecteur-enregistreur automatique de plaque d’immatriculation. C’est super efficace et sans appel. Dès qu’un véhicule non autorisé franchit la ligne, une infraction est enregistrée. Le conducteur reçoit alors une amende de 100 à 130 € par infraction, majorée de frais de dossier par l’agence de location.
Seuls les résidents possèdent des autorisations : «Pourquoi le loueur de voitures ne m’a pas parlé de ces ZTL ? questionne avec justesse Jimmy C. Pourquoi mon hébergeur ne m’a pas averti ? ». Si les loueurs ne distribuent aucune documentation sur les ZTL à leurs clients, les hébergeurs concernés sont nombreux à le préciser dans leur brief d’accueil. À Gallipoli, dans le sud des Pouilles, Mario, du B&B Corte Casole demande sur Whatsapp la photo de la plaque d’immatriculation et le modèle du véhicule. C’est lui qui se charge de l’enregistrement auprès des autorités compétentes. N’entrez jamais dans une ZTL sans être sûr que vous y avez droit.
Passer la publicitéEn Italie, chaque commune fixe ses propres règles et horaires de ZTL. Et contrairement à la France, la notification peut arriver jusqu’à un an après l’infraction. Contester est possible, mais complexe. Il faut envoyer un recours en italien, dans un délai très court (en général 60 jours), avec preuves à l’appui. Si vous avez loué un véhicule, la société de location transmettra automatiquement vos coordonnées aux autorités locales et ajoutera souvent ses propres frais de gestion (souvent 40 à 60 €). En pratique, la contestation est rarement fructueuse à moins d’une erreur manifeste.
Quelques conseils pour éviter les ZTLRepérer les ZTL à l’avance : elles sont indiquées sur Google Maps ou sur des applis comme Waze (quand elles sont bien à jour).
Se garer hors du centre historique : privilégier les parkings en périphérie ou les hôtels disposant d’un accès ZTL temporaire (souvent à demander à l’avance). À environ un kilomètre des «centro storico», vous trouverez des places avec des stries blanches, qui sont gratuites et illimitées, au contraire des stries bleues, payantes, avec souvent une durée maximum pas facile à respecter lorsqu’on visite une église ou un musée.
Vérifier avec l’hôtel : certains hôtels situés en ZTL peuvent enregistrer votre plaque pour éviter une amende — mais cela doit être anticipé.
Ne jamais suivre un GPS aveuglément : même les GPS les plus modernes peuvent vous envoyer dans une ZTL. Enfin, dès que vous voyez une strie blanche, garez-vous en vérifiant que ce n’est pas le jour du marché ou d’une fête quelconque. Ces zones ne sont pas conçues pour piéger les touristes, mais elles supposent une vigilance accrue. En Italie, mieux vaut lever le pied… et les yeux. Ou garer sa voiture un peu plus loin, pour profiter ensuite du centre-ville… à pied.
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