Baromètre vélo 2025 : à Mont-de-Marsan, des progrès mais encore de gros points noirs

Malgré des efforts certains et la multiplication des zones 30, la ville demeure plutôt défavorable à la pratique du vélo, plombée notamment par des contraintes géographiques et un « carrefour de l’enfer »
À l’entrée de la ville, Mont-de-Marsan affiche fièrement son label « Ville à vélo » du Tour de France, comme un souvenir du passage de la Grande Boucle en 2023. Sur le terrain, la réalité est plus contrastée, comme en témoigne le résultat du Baromètre Vélo 2025.
Les cyclistes qui ont répondu à cette grande enquête citoyenne ont attribué la note de 3 sur 6 à la commune, qui est ainsi classée E, après avoir hérité d’un F lors des éditions 2019 et 2021. Cela traduit un contexte « plutôt défavorable » à la pratique du vélo, mais aussi des progrès (offre de stationnement, sentiment de sécurité).
Un constat que Daniel Rocher, président de l’association Mont2Roues, partage globalement : « Il faut noter qu’il y a des améliorations faites par la Ville, en termes de communication autour du vélo, mais aussi avec le fait de passer quasiment tous les quartiers en zone 30. Cela ne s’est pas ressenti sur ce baromètre, parce que c’est trop récent, mais je suis assez confiant sur le fait qu’abaisser la vitesse fera aussi baisser le sentiment d’insécurité à vélo, qui est le premier frein à la pratique », rappelle-t-il.
« Jungle urbaine » au SablarEn attendant que la mesure ne produise tous ses effets, reste cette impression que le vélo n’occupe pas une place centrale à Mont-de-Marsan. « On pâtit d’un contexte national, on voit que les bonnes notes sont plutôt dans des grandes villes, ou sur le littoral, note Philippe Eyraud, adjoint au maire de Mont-de-Marsan en charge des mobilités. Pour les villes moyennes, dans le centre du pays, c’est plus compliqué, il y a un réflexe voiture qui est plus prononcé. On progresse, on travaille avec les associations pour répondre à leurs besoins, mais c’est vrai qu’il y a des points noirs où il est difficile de changer les choses. »
Parmi ces points noirs, un incontournable pour les Montois comme pour les automobilistes de passage : le rond-point du Sablar. « Carrefour de l’enfer » ; « jungle urbaine » : voilà ce que l’on peut lire de la part des contributeurs du Baromètre vélo. « Fort trafic, priorité à droite non respectée, très haut niveau de danger pour les cyclistes », résume l’un d’entre eux.
« Je comprends que certains se sentent en insécurité, ce n’est pas l’idéal, mais tant qu’on n’a pas pu repenser un projet global, on travaille plutôt à valoriser les itinéraires de contournement, comme on l’a fait dernièrement derrière les arènes », explique Philippe Eyraud.
Sur ce point comme sur beaucoup d’autres, les bonnes idées se heurtent souvent au mur de la réalité budgétaire. « La solution, ce serait un rond-point à la Hollandaise (1), à grand renfort de pédagogie et de panneaux explicatifs, mais ça implique de gros travaux et de supprimer des places de stationnement », souffle Daniel Rocher.
Après plusieurs années d’engagement associatif, le militant ne croit plus au grand soir cycliste. « Je crois beaucoup plus aux petites choses pas chères et qui peuvent se mettre en place rapidement. Comme les zones 30, les tourne-à-droite, les sas vélo, ou faire respecter les pistes cyclables existantes. »
Manque de continuitéTrouver enfin de la continuité entre les différentes pistes cyclables éparpillées dans la ville (voie verte, rue Éloi-Ducom, boulevard Nord, etc.) est une autre revendication, qui progresse, grâce à la rénovation récente de l’avenue Henri-Farbos et celle, en cours, de l’avenue de Sabres. « À terme, on veut connecter les parcs entre eux (Jean-Rameau, îlot Laulom), avec des pistes ou des marquages bien identifiés. Cela passe notamment par la place Pancaut, on a ça en ligne de mire, mais pas dans l’immédiat », concède Philippe Eyraud.
Reste le débat sur l’hypercentre, en zone 30, ce qui permet notamment aux cyclistes d’emprunter les sens interdits (2), mais où l’absence de pistes cyclables ou de marquage au sol décourage même les plus audacieux. Sur ce point, l’élu montois pointe le manque d’espace : « Je ne vois pas comment on pourrait matérialiser partout et faire un réseau en tant que tel. Il faut plutôt réduire la place et la vitesse des voitures, et tendre vers un meilleur partage de l’espace avec les autres mobilités. »
Gambetta, sujet explosifDaniel Rocher, lui, voit bien une solution, plus radicale. « Si on a une demande à vraiment pousser, c’est la piétonnisation de la rue Gambetta. Toutes les villes qui ont piétonnisé leur centre-ville, comme Agen, ne sont pas revenues en arrière, et elles résistent finalement mieux à la fuite des commerces. »
Mais le sujet est explosif, comme en témoigne l’expérimentation annoncée au printemps 2023 par la Ville, jamais appliquée. Philippe Eyraud marche sur des œufs : « Il y a une réflexion à mener avec les commerçants, un projet global à penser pour créer de l’animation dans un centre-ville qui serait sans voiture. Il faut encourager, sans nuire. C’est sûr qu’à long terme, on voit que c’est plutôt gagnant-gagnant dans les villes où ça a été mis en place, mais il y a des travaux préparatoires à mener. »
À quelques mois des élections municipales, remettre le sujet sur le tapis serait suicidaire pour l’actuelle majorité. Mais voilà assurément un joli thème de campagne.
(1) Type de giratoire qui intègre une piste cyclable. (2) À l’exception de la rue Gambetta.
SudOuest




