À la manière d’un bibliobus, un Naturo'bus va bientôt sillonner les routes de campagne en Charente

La Fédération départementale des chasseurs de la Charente a créé un lieu mobile de découverte de la nature. Naturo’bus est un observatoire ambulant de la biodiversité, un projet imaginé non pas pour mais par les chasseurs
« La biodiversité ordinaire, on vit dedans, mais on ne la connaît pas bien, donc on ne la protège pas bien. » Face à ce constat, le directeur de la Fédération départementale des chasseurs de la Charente, Cyril Moreau, a imaginé un outil innovant pour sensibiliser le plus grand nombre à la nature.
1. La biodiversité ordinaireAgréées au titre de la protection de l’environnement, « les fédérations ne limitent pas leurs actions auprès des seuls chasseurs, mais participent à la connaissance du public sur des thématiques d’intérêt général environnemental », rappelle Cyril Moreau.
Comme ses homologues, la FDC16 a une grande habitude des actions éducatives en milieu scolaire, régies par une convention de partenariat pour l’éducation au développement durable. Il ne s’agit pas de faire la promotion de la chasse – ce sont d’ailleurs des techniciens des fédérations qui interviennent en tant qu’animateurs nature agréés par l’Éducation nationale – mais de favoriser la découverte et la compréhension de l’environnement proche.
Force est de constater lors de ces interventions que, s’ils « sont au top sur les éléphants et les dinosaures, les écoliers ont plus de mal à reconnaître les merles ou les chevreuils », a pu d’expérience constater le directeur de la FDC16.
De plus, avec les restrictions budgétaires, les écoles peuvent de moins en moins se permettre des frais de déplacement en bus. « Et, alors qu’il y a un fort intérêt du grand public pour la nature proche, nous manquons d’outils et de supports pédagogiques. » Alors cet outil, les Charentais l’ont créé. Un outil mobile.
2. À la manière d’un bibliobusCe sera le Naturo’bus, un observatoire ambulant de la biodiversité qui devrait prochainement voir le jour. « On n’invente rien », explique modestement le directeur. Inspirée par les Bibliobus qui sillonnent les campagnes, la FDC16 entend amener la nature directement à la population, là où les moyens et les supports de sensibilisation (musées, expositions, bases pédagogiques) font défaut, en particulier dans les villages, les villes moyennes en milieu rural ou les quartiers en difficulté.
Pour toucher un maximum de gens, le Naturo’bus a vocation à se déplacer dans les cours d’école ou les entreprises, mais aussi à être présent en « porte à porte » lors de fêtes locales ou d’événements en lien avec la nature.
3. Un outil ambitieuxNaturo’bus est en fait une remorque pédagogique aménagée. Élément central du projet : une maquette interactive représentant un bassin-versant avec milieu forestier, agrosystème, sol, mare, etc., ce qui permet d’aborder un ensemble de sujets en lien avec l’aménagement durable et la connaissance de la biodiversité ordinaire.
« De l’émerveillement naîtra l’envie de protéger. Nous voulons rendre le public acteur »
Pour rendre la chose ludique, il sera possible de manipuler, d’ajouter, d’enlever ou de faire pivoter des éléments. « C’est pour montrer que tout est interconnecté, s’enthousiasme Cyril Moreau. Une bande enherbée ou une haie peut avoir une incidence directe sur une inondation à Angoulême. »
Ni trop technique ni trop simpliste, le produit, qui s’adapte à son public, est évolutif. Le concept Naturo’bus prévoit déjà une application numérique sur tablette. « Chaque clic ouvrira une page d’information avec de l’image, du texte, du son ou de la vidéo. Par exemple, en cliquant sur la haie, j’ouvre une page sur les oiseaux de la haie avec leurs caractéristiques, leur photo et leur chant », détaille le directeur de la FDC16.
4. Susciter l’émerveillementLe bibliobus incite les usagers à lire. « Nous voulons obliger ceux qui auront accès au Naturo’bus à regarder », souligne Cyril Moreau. « Notre enjeu est d’abord local. On parle de ce qui touche au quotidien quand on prend le vélo et qu’on sort. Savoir mettre les bottes et reconnaître une grenouille, une chauve-souris et les essences d’arbres. »
« Il faut retrouver ce liant ou ce lien entre ce qu’on apprend à l’école et ce qu’on voit autour de nous. Il faut reconnecter les gens à la nature, surtout les enfants », insiste le directeur de la FDC16. « L’érosion de la biodiversité n’a jamais été aussi forte. Le but n’est pas de stigmatiser ou culpabiliser, mais de susciter la curiosité. De l’émerveillement naîtra l’envie de protéger. Nous voulons rendre le public acteur. Comment peut-on, grands ou petits, agir au quotidien ? »
> Cet article est issu du supplément de la rédaction « Ouverture de la chasse: une passion grandeur nature » paru dans les éditions de « Sud Ouest » des 12 et 13 septembre 2025 et à retrouver sur le kiosque sur sudouest.fr
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