69 % de résidences secondaires à Soulac : Paniers en osier, lunettes rondes… À la recherche des résidents secondaires

Médecins bordelais, cadres parisiens… À la pointe du Médoc, qui sont ces chanceux qui viennent rythmer la vie de la station balnéaire par intermittence ?
Soulac, un vendredi matin. Dans les allées des halles, entre cagettes de tomates et poissons argentés, on scrute, on épie. Le jeu commence. Comment, dans cette station balnéaire du nord Médoc, peut-on reconnaître un résident secondaire au premier coup d’œil. Panier en osier ? Chemise en lin ? Lunettes rondes ? À la recherche du suspect idéal, le délit de faciès est assumé.
Derrière son comptoir, un commerçant s’arrête net, sourire en coin : « Oh, doucement. C’est pas le Cap Ferret ici. C’est plus discret hé ! » Pudeur soulacaise oblige, pas de Méhari pastel garées en épi ici. Pas non plus de « dress code » façon Birkenstock aux pieds. À Soulac, le résident secondaire est « plus discret ». Presque insaisissable. Et pourtant, à en regarder les statistiques, il devrait être partout. Les chiffres tranchent : 5 165 logements sur la commune, pour seulement 1 495 ménages à l’année. Soit 69 % de résidences secondaires, d’après l’Insee.
« On participe à la vie de la commune »Rue de la Plage, plein cœur de la station. Lui, chemise à col Mao ; elle, robe légère. Le couple s’arrête devant une vitrine : le flair ne trompe pas. Monsieur est médecin, madame cadre, le deuxième enfant est en route. À peine abordés, les voilà qui précisent : « On n’est pas riches, attention. » Comme pour conjurer le cliché, mais l’attachement à Soulac est bien là. « Je viens depuis que j’ai l’âge de mon fils. Mes parents ont toujours eu une maison ici. Une petite maison », précise Thomas, 34 ans.
Un peu plus loin, Marguerite. Vingt ans à peine. « Oui, je suis résidente secondaire. Mais je fais les saisons dans la station l’été. » Installée à Pessac, la jeune femme habite la maison familiale pendant les vacances et la plupart des week-ends. « Mes parents sont tombés amoureux de Soulac. Ils rêvent de s’y installer à la retraite. Mais c’est impossible de travailler ici pour l’instant. Alors, ils restent la semaine à Bordeaux. » Le père est directeur général, la mère secrétaire : « On participe à la vie de la commune, on n’est pas juste de passage », précise Marguerite.
L’effet jeudi soirRetour aux halles : les commerçants ont l’œil. « Avant, c’étaient des familles nombreuses, trois générations sous le même toit. Aujourd’hui, c’est plus petit, un ou deux enfants, pas plus. Mais l’esprit familial reste », note un maraîcher. Et ce petit détail, que les résidents à l’année répètent tous à l’unisson : « Venez ici un jeudi soir. » « On le voit avec le télétravail. Dès le jeudi, Soulac change de visage. Il y a plus de monde dans les rues, les terrasses se remplissent… Il y a une vraie vie de village aussi à l’année », avance Delphine, vendeuse d’une boutique du centre-ville.
Dans les commerces, la clientèle secondaire pèse lourd. Pas forcément plus dépensière que le vacancier lambda, mais « régulière » et surtout « très fidèle ». « Ceux qui reviennent tous les week-ends, on les connaît. On sait ce qu’ils aiment, on garde le contact », sourit un peu plus loin Alexia. Elle aussi parle d’un juste équilibre et d’un effet « jeudi soir ». Soulac : quatre jours par semaine, 69 % du temps.
SudOuest