Témoignages. Légion d'honneur : « Mon maire », « Jean-Marc Jancovici »... ces personnes que vous décoreriez

Si vous aviez le pouvoir de rendre hommage à un parcours exemplaire, quelle personne distingueriez-vous ? Ce sont généralement les ministres qui proposent des noms pour la Légion d’honneur, mais les citoyens français peuvent aussi suggérer une personne qui leur semble méritante, à condition d’avoir le soutien de 50 signataires. Une démarche que veut encourager le grand chancelier de la Légion d’honneur, notamment pour lutter contre une « réduction inquiétante » du nombre de personnes décorées ces dernières années.
Mieux représenter la sociétéUn décret du 20 février précise d’ailleurs que 100 croix de chevalier de la Légion d’honneur seront réservées pour la période d’attribution allant du 1er janvier 2025 au 31 décembre 2026 à ces suggestions de citoyens, dont « cinq pour les Français de l’étranger ». Un contingent spécifique de 200 autres titulaires de l’ordre national du Mérite sera par ailleurs réservé aux candidats issus de cette initiative citoyenne.
Une volonté de mieux représenter la société qu’approuve Stéphanie, Iséroise de 59 ans : « La Légion d’honneur doit se mériter par des actes de bravoure, d’héroïsme, de patriotisme, de courage, de travail… Je ne comprends pas que l’on décore à tout va, souvent des stars qui ont pour seul mérite leur succès. Cette distinction a perdu son aura », juge-t-elle. Un avis partagé par Gérard, 73 ans, de Berstett (Bas-Rhin) : « Il faut arrêter le copinage et donner cette distinction à ceux qui la méritent vraiment. Des pompiers, des gendarmes, des chercheurs, médecins, infirmières et à tous ceux qui sauvent des vies. Qu’on arrête de la distribuer comme des petits pains aux artistes, sportifs et politiques et à tous ces nantis qui ne font que leur métier », s’agace-t-il.
Les héros du quotidien en tête de listeCertains de nos lecteurs ont déjà une idée très précise du nom qu’ils pousseraient pour obtenir cette distinction. « José Bové », lance ainsi Sara, 52 ans, de Haute-Savoie : « Je suis contre les formes de violence, mais sans son combat, nous aurions laissé les lobbies nous imposer les OGM sans réagir », défend-elle. Pour Alexandre, 57 ans, de Bischheim (Bas-Rhin), il faudrait récompenser des acteurs de la lutte contre le changement climatique : « Je pourrais citer Jean-Marc Jancovici. Mais aussi Nicolas Cruaud (dommage, il n’est pas Alsacien), créateur de Néolithe et inventeur d’un procédé de fossilisation de déchets, utilisable dans le BTP. Voilà une action qui mérite une récompense majeure ! »
Mais ce sont surtout des inconnus du grand public que nos lecteurs voudraient voir récompenser. Frédéric, 64 ans, de Dijon (Côte-d’Or) cite ainsi son médecin généraliste : « Lionel Chauve qui a exercé sa profession jusqu’à ses 91 ans, sans ménager sa disponibilité. » Blanche, 72 ans, d’Essey-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle), n’a qu’un seul nom à la bouche : « Michel Breuille, le maire de ma ville, qui se bat pour ses concitoyens et qui mérite plus que ces politiques hargneux et ignorant les pauvres gens. »
Les « femmes qui sont dans l'ombre »De son côté, un autre lecteur d’Aspach-le-Bas (Haut-Rhin), qui souhaite rester anonyme, proposerait la candidature de « Christine Scheuch, actuelle présidente de la fondation Saint-Sauveur. Son action a permis de relever cette structure. Aujourd’hui, la fondation emploie plus de 700 salariés dans des établissements pour personnes en situation de handicap, personnes âgées… Cette dame a été toute sa vie au service des plus faibles. »
Sans citer de noms, Bernard 70 ans, d’Antibes (Alpes-Maritimes) voudrait voir distinguer des « soldats, policiers, gendarmes, pompiers, soignants, enseignants ». Patrice, 71 ans, de Chazay-d’Azergues (Rhône), lui, cite les « maires, pompiers volontaires, animateurs pour les jeunes ». Plus inattendue, la proposition de Déborah, 37 ans, de Notre-Dame-de-Mésage (Isère), qui voudrait voir honorer les femmes de militaires. « L’ayant été moi-même pendant neuf ans, je peux dire avec certitude que certaines d’entre elles méritent cette médaille. Ces femmes qui sont dans l’ombre, endurent souvent dans le silence et une totale indifférence une vie que peu supporteraient. Elles participent pourtant, tout comme leur conjoint, à “l’effort de guerre” et permettent à nos soldats d’avoir une stabilité sur laquelle se reposer. »
Le Bien Public