« Des méthodes inadmissibles » : indignation après la mise au ban d’un journaliste par la France insoumise

« Une atteinte grave au droit d’informer ». Dans un communiqué commun, plusieurs grandes rédactions s’indignent de la décision de la France insoumise de refuser l’accès de ses universités d’été à un journaliste du Monde jugé trop critique. C’est « un coup de semonce pour toute notre profession », écrivent encore les sociétés de journalistes (SDJ) de près d’une trentaine de médias, dont la rédaction nationale du Parisien, France Télévisions, LCI, M 6, Les Échos, RMC, Libération, Mediapart ou Le Monde.
Olivier Pérou, qui couvre habituellement l’actualité du parti de gauche, se voit reprocher un livre enquête, coécrit avec Charlotte Belaïch de Libération, dans lequel les auteurs critiquent le fonctionnement du mouvement. Paru début mai, il décrit une formation totalement organisée autour de la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, où intimidations et menaces sont monnaie courante.
Jeudi soir, sur le site du Monde, le directeur du quotidien, Jérôme Fenoglio, avait élevé « la plus vive protestation contre cette entrave caractérisée à la liberté de la presse et à l’accès à l’information ». Dans la foulée, LFI avait répliqué en accusant Olivier Pérou de l’avoir « lourdement diffamé » dans le livre « La meute » et d’avoir « inventé de fausses informations » sur sa vie interne.
Depuis, la polémique n’a pas cessé et elle a même pris de l’ampleur. En parallèle du texte des SDJ, qui rappelle que les « exclusions de ce type » ont « longtemps été l’apanage des formations d’extrême droite », des journalistes qui couvrent les universités d’été de LFI dans la Drôme (dont ceux de TF1-LCI, Mediapart, Libération, Le Figaro ou l’AFP) ont dénoncé des « méthodes inadmissibles » et « une atteinte grave à la liberté de la presse ».
Le quotidien Libération a quant à lui annoncé vendredi soir que le journaliste de sa rédaction accrédité à ce rendez-vous organisé dans la Drôme depuis deux jours quittait les lieux, « en signe de protestation et de soutien à notre confrère ».
« Exclure d’une manifestation politique un journaliste pour ce qu’il a écrit par le passé est un dangereux précédent que nous ne saurions banaliser (…) Ce n’est pas aux partis de choisir leurs correspondants parce que le contenu de leurs articles a pu déplaire », justifie la rédaction sur son site.
« Un parti qui se considère de gauche et qui affirme vouloir lutter contre l’extrême droite ne peut user des mêmes méthodes que le Front national en son temps puis, aujourd’hui, du Rassemblement national sans une réaction forte de notre part », ajoute-t-il.
Le Parisien