Affaire Bétharram : « Les secrets de la famille Bayrou regardent la famille Bayrou »

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Affaire Bétharram : « Les secrets de la famille Bayrou regardent la famille Bayrou »

Affaire Bétharram : « Les secrets de la famille Bayrou regardent la famille Bayrou »

François Bayrou sera auditionné mercredi 14 mai par la commission d’enquête parlementaire créée à la suite de l’affaire de Notre-Dame-de-Bétharram. Paul Vannier, le député LFI, qui l’interrogera attend un « discours de vérité » du Premier ministre, après ses multiples revirements. Interview

François Bayrou répondra, à son tour, ce mercredi, aux questions de la commission d’enquête parlementaire, créée à la suite de l’affaire de Notre-Dame-de-Bétharram, cet établissement privé sous contrat du Béarn visé par plus de 200 plaintes pour des faits de violences et de viols. Il sera notamment auditionné par les deux rapporteurs de cette instance : le député LFI Paul Vannier et la députée Renaissance Violette Spillebout.

Qu’attendez-vous de l’audition de François Bayrou ?

Un moment de vérité, cette audition se tiendra sous serment. Nous lui poserons des questions précises et factuelles afin d’identifier les défaillances dans les mécanismes de contrôle et de traitement des signalements de violences commises dans les établissements scolaires.

Les travaux de la commission d’enquête ont été percutés par les révélations d’Hélène Perlant, la fille de François Bayrou. Alors qu’il a longtemps nié avoir échangé, en 1998, avec le juge Mirande, qui instruisait l’affaire du père Carricart – l’ancien directeur de Notre-Dame-de-Bétharram mis en examen pour viol sur un ancien élève –, elle affirme que cette rencontre a bien eu lieu. Qu’en pensez-vous ?

C’est un coup de tonnerre. Son témoignage vient contredire entièrement les déclarations du Premier ministre. Des déclarations qu’il a tenues devant les députés à l’Assemblée et devant les victimes de Bétharram. Face à elles, le 15 février à Pau, il a nié avoir eu connaissance de faits, notamment de violences sexuelles, commis à Bétharram. Or, en 1998, quand il va voir le juge Mirande, ce dernier lui révèle les viols dont est accusé le père Carricart. À partir de cette date, il est certain que François Bayrou sait à propos des violences sexuelles. La question qui se pose désormais, c’est ce qu’il a fait.

À partir de 1998, il est certain que François Bayrou sait à propos des violences sexuelles »

Les auditions de votre commission ont aussi abordé sa supposée intervention auprès du procureur général de Pau dans l’affaire Carricart, ce qu’il a fermement démenti aussi. Devra-t-il s’expliquer sur ce point ?

Je réserve mes questions à François Bayrou. Mais nous avons les témoignages de deux gendarmes qui peuvent laisser penser que François Bayrou aurait tenté d’accéder à ce dossier. Encore une fois, le Premier ministre devra un discours de vérité.

Devant votre commission, le juge Mirande a évoqué « l’incrédulité » de François Bayrou face aux faits de viols dont le père Carricart était accusé. Hélène Perlant, sa fille, parle de « déni collectif ». Elle-même a tu les violences dont elle a été victime. Comment interprétez-vous ces éléments ?

Les secrets de la famille Bayrou ne regardent que la famille Bayrou. Notre rôle est d’interroger les responsabilités politiques de François Bayrou, ministre de l’Éducation nationale, président du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, député. Et ce, en distinguant ce qui relève de la vie privée et des responsabilités politiques.

L’exercice s’annonce délicat. François Bayrou est à la fois père d’une victime de violences et responsable politique exerçant dans le département de cet établissement…

Dans cette affaire, les victimes n’ont pas parlé, elles ont été brisées par ces violences. Mais c’est le rôle des responsables politiques d’entourer les enfants de capteurs et de procédures de signalements pour éviter ça. À la fin, il s’agira pour nous de faire évoluer la loi.

Il faut lever le tabou de l’enseignement privé sous contrat qui n’est absolument pas contrôlé »

Comptez-vous auditionner Hélène Perlant ?

Non. Car il faudrait expliquer aux autres victimes que nous ne pouvons pas faire de même avec elles. Hélène Perlant est une victime parmi les 200 qui ont déjà porté plainte dans cette affaire. Je le rappelle : nous avons commencé nos auditions par une table ronde réunissant des victimes. Mais nous ne sommes pas la justice, nous ne sommes pas là pour identifier des agresseurs.

Avec la députée Violette Spillebout, vous vous êtes rendus à Notre-Dame-de-Bétharram. Qu’avez-vous appris ?

Nous avons appris qu’un fait d’agression sexuelle entre élèves aurait été commis à l’extérieur de l’établissement et qu’un fait de viol, toujours entre élèves, aurait été commis dans l’établissement d’Igon [qui dépend de Bétharram, NDLR] en 2024. La gendarmerie a été prévenue, mais, le soir même, nous avons alerté le procureur de Pau qui nous a répondu, le lendemain, qu’il était au courant. Cela montre que cette question des violences ne renvoie pas au passé, mais bien au présent.

Vous avez déjà auditionné plus de 100 personnes, des victimes, un magistrat, des anciens ministres… Qu’est-ce qui vous a marqué ?

Les violences physiques, on peut les imaginer, mais les tortures infligées aux élèves, ça c’est inimaginable. J’ai été bouleversé par la force et la fraternité des victimes. Très clairement, il y a une absence de regard de l’État sur les questions de ces violences, sur la manière dont la parole de l’enfant est accueillie. Il faut lever le tabou de l’enseignement privé sous contrat qui n’est absolument pas contrôlé. C’est cette absence de contrôle qui a permis à des agresseurs pendant des années de ravager des vies. C’est à cela que nous devons mettre fin.

SudOuest

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