Surveillance 24 heures sur 24, fouilles systématiques... Quelles sont les conditions de détentions auxquelles Mohamed Amra est soumis ?
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Le narcotrafiquant est incarcéré depuis mardi soir au centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe dans l’Orne avec une sécurité renforcée. Gérald Darmanin revient sur ses conditions de détention et les failles du système carcéral.
Retour en cellule pour Mohamed Amra. Le narcotrafiquant, recherché depuis neuf mois, est incarcéré depuis mardi soir au centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe dans l’Orne. Il était le criminel le plus recherché en France après avoir réussi à s’évader du péage d’Incarville (Eure) où deux agents pénitentiaires avaient été tués, le 14 mai 2024.
Après avoir été interpellé en Roumanie, le multirécidiviste âgé de 30 ans a été placé à l’isolement avec un statut de détenu particulièrement signalé (DPS). «Les critères d’inscription au répertoire des détenus particulièrement signalés sont liés au risque d’évasion et à l’intensité de l’atteinte à l’ordre public que celle-ci pourrait engendrer ainsi qu’au comportement particulièrement violent en détention de certains détenus», détaille le Ministère de la justice sur son site internet. Mohamed Amra sera surveillé 24 heures sur 24, mais «pas vidéosurveillé 24 heures sur 24», a précisé ce mercredi Gérald Darmanin lors d’un point presse.
Le détenu pourra utiliser deux heures par semaine les cellulaires mis à disposition pour les prisonniers. Ses communications téléphoniques seront toutefois surveillées, a précisé le garde des Sceaux. Gérald Darmanin a évoqué par ailleurs les privilèges dont jouissent les prisonniers dans certains établissements, en mentionnant notamment l’utilisation des téléphones portables. «Je ne comprends pas qu’il y ait des portables en prison», a-t-il soulevé.
Celui connu aussi sous le nom de «La Mouche» pourra également bénéficier d’une seule sortie quotidienne d’une heure, comme il est prévu pour les détenus enfermés en isolement. Lors de ses - rares - déplacements que la prison souhaite limiter un maximum, Mohamed Amra sera obligatoirement accompagné, d’au moins deux agents pénitentiaires. Le but étant qu’il ne rencontre «pas d’autres personnes», a souligné Gérald Darmanin. En parallèle, trois visites par semaine lui ont été accordées, mais avec «des fouilles systématiques».
Le ministre de la justice est revenu sur l’évasion sanglante de Mohamed Amra. «Le drame d’Incarville a démontré que le système carcéral ne fonctionnait pas», en France, a reconnu Gérald Darmanin. «Quand quelqu’un arrive à faire assassiner des agents c’est effectivement une faillite pour l’État », a-t-il déploré. «Aujourd’hui dans les prisons françaises, il y a beaucoup d’individus différents, des personnes radicalisées, (...) des narco bandits...(...). Faire une mixité des détenus c’est très mauvais», a-t-il déclaré, ajoutant que 70% des détenus «sont en récidive quand ils sortent des prisons».
Le ministre de la justice souhaite aménager certains établissements pénitentiaires en «prisons de haute sécurité». Pour ce projet, Gérald Darmanin envisage une réorganisation de quatre prisons : celle de Condé-sur-Sarthe, le centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône). Enfin, la maison centrale de Saint-Maur (Indre), où le ministre a prévu de se rendre le vendredi 7 mars. Gérald Darmanin prévoit également la création de quatre nouvelles prisons d’ici 2027.
lefigaro