Réseaux sociaux : pour Emmanuel Macron, X (ex-Twitter) est dominé par des «contenus d’extrême droite», TikTok rattrapé par le «salafisme»
Devant le Forum de la Paix à Paris, le président a appelé ce mercredi à un «agenda beaucoup plus puissant de protection et de régulation en Europe», face aux ingérences étrangères et aux dérives sur les plateformes.
Emmanuel Macron durcit le ton au sujet des réseaux sociaux. Invité à prendre la parole ce mercredi devant le Forum de la Paix à Paris, le président a appelé à un «agenda beaucoup plus puissant de protection et de régulation en Europe» face aux ingérences étrangères, mais surtout aux dérives en matière d’information sur les plateformes. Dans son viseur, le rôle néfaste de ces applications dans le bon fonctionnement de la vie démocratique, celles-ci, a fustigé le chef de l’État, étant «mues par un processus qui est de créer l’excitation maximale qui créera le maximum de trafic pour maximiser leurs pages de pub.» «Tout l’ordre de mérite qui fondait nos démocraties, un rapport à l’argumentation, la vérité, est complètement mis en l’air», a-t-il encore déploré
Avant d’alerter sur l'utilisation quotidienne de ces outils numériques, au détriment des médias traditionnels : «On a fait n’importe quoi, on a totalement tort d’aller s’informer là-dessus». Postulat qui pousse Emmanuel Macron à plaider pour une reprise du «contrôle de notre vie démocratique et informationnelle», grâce à une régulation renforcée, puis à étayer son propos par deux exemples évocateurs. D’abord, le réseau social X (ex-Twitter), qu’il accuse d’entretenir un biais politique dans son algorithme. «Ouvrez X avec un contenu libre, si vous ne tombez pas immédiatement sur des contenus d’extrême droite, de France ou du monde entier, c’est que vous êtes mal organisé, », a-t-il grincé.
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Passer la publicitéEt le président d’enrober sa charge contre X, en attaquant plus globalement les «plateformes (qui) ont décidé de rompre la neutralité car le possesseur de celle-ci a décidé de s’engager dans le combat démocratique et l’internationale réactionnaire». Une pique sonnant comme une attaque en règle contre la transformation du réseau social amorcée, depuis deux ans et demi, par Elon Musk, patron de Tesla, et ancien membre de l’administration Trump - dont Emmanuel Macron souligne, en creux, la proximité idéologique avec la droite conservatrice américaine. Même constat à propos du réseau chinois TikTok, où, selon le chef de l’État, «un jeune Français qui y crée un compte sans aucune caractérisation et qui tape le mot “islam”, sera exposé à un contenu salafiste au bout du troisième contenu qui lui sera soumis».
Concernant les ingérences étrangères, Emmanuel Macron a directement ciblé la Russie, vu comme «les plus gros acheteurs de faux comptes, pour venir déstabiliser les démocraties européennes». «On est dans l’ingérence sous stéroïdes», a-t-il lancé, avant d’esquisser des pistes face à ces nouveaux défis. Car cet «agenda de protection et de régulation en Europe», qu’il appelle de ses vœux, doit, selon lui, rester compatible avec «l’innovation» et certains «acteurs d’intérêt public», ceux offrant des «infrastructures libres». «Je crois très profondément dans l’innovation, mais je ne crois pas une seule seconde dans l’innovation qui est au service des lumières noires», a-t-il conclu, en décochant une dernière flèche.
Au total, une trentaine de pays - dont la France, le Royaume-Uni, l’Ukraine, le Brésil, ainsi que plusieurs États européens et africains - ont adopté, en marge de ce Forum, une déclaration «sur l’action multilatérale pour l’intégrité de l’information et les médias indépendants». Tous s’engagent à «défendre le principe selon lequel une information indépendante, pluraliste et fiable constitue un bien public essentiel à l’humanité, et à faire respecter les principes démocratiques au sein de l’espace mondial de l’information». Ils proposent de renforcer «la coopération multilatérale et multipartite» dans ce domaine.
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