Paris FC-Lyon : Tolisso l’artiste, scénario irréel, le fiasco Ikoné... Coups de cœur et coups de griffe

Découvrez ce qui a plu et déplu à notre envoyé spécial au stade Jean-Bouin après le rocambolesque match nul entre le Paris FC et l’Olympique Lyonnais, mercredi (3-3).
COUPS DE CŒUR
On jurerait avoir vu quelques supporters parisiens se rapprocher de la sortie du stade Jean-Bouin à l’heure de jeu. L’Olympique Lyonnais venait d’inscrire le but du 3-0 et filait droit vers un succès maîtrisé. Puis s’est retrouvé à dix après l’exclusion d’Abner (61e). Le Paris FC a réduit l’écart dans la foulée (Adama Camara, 65e) et se sentait pousser des ailes... avant d’être lui aussi à dix, suite au second carton jaune de Thibault De Smet (67e).
Passer la publicitéCes montagnes russes ont laissé place à une longue accalmie. Jusqu’au but splendide d’Ilan Kebbal (77e), qui a suivi celui bien chanceux de l’entrant Vincent Marchetti sur une frappe déviée, qui a semblé prendre une éternité pour lober Dominik Greif (84e, 3-3). Irréel, tant le PFC semblait en dessous de tout à trente minutes du terme.
Ils sont nombreux, les amoureux de l’OL, à froncer les sourcils devant les dernières listes de Didier Deschamps. Corentin Tolisso n’est pas rappelé en équipe de France, mais chacun de ses matches le rapproche de Clairefontaine. Encore ce mercredi, le champion du monde 2018 (28 sélections, 2 buts) a fait étalage de sa classe.
Le capitaine lyonnais a ouvert le score en opportuniste (5e) avant de jouer son rôle de régulateur et d’orienteur du jeu, et ce alors qu’il était diminué physiquement avant la rencontre. Jamais avare d’un beau geste, à l’image de sa feinte de corps sur le troisième but lyonnais. Le N.10 floqué dans son dos lui va comme un gant. Le genre de joueurs pour lequel on se déplace au stade.
La semaine dernière, il inscrivait son premier but chez les professionnels contre le FC Bâle en Ligue Europa (2-0). Puis le second face à Strasbourg trois jours plus tard (2-1). Afonso Moreira a encore marqué des points mercredi pour sa première titularisation avec l’OL. L’international espoirs portugais (20 ans) de 20 ans a fait parler sa lecture du jeu et touche technique, signant deux passes décisives et un coup du sombrero avant sa sortie (74e). Son entraîneur et compatriote Paulo Fonseca lui redonnera du temps de jeu, c’est une évidence.
Élu meilleur joueur de Ligue 1 du mois d’août, Ilan Kebbal vit une saison à l’image de sa carrière, faite de promesses jamais vraiment tenues. Et parfois, il y a cette étincelle. Après une pluie diluvienne, c’est un éclair... de génie qui s’est abattu sur la pelouse de Jean-Bouin. Malgré un contrôle hasardeux, l’Algérien de 27 ans a eu le temps d’enrouler une frappe du gauche à l’entrée de la surface. Lucarne opposée (77e, 2-3). Un bijou qui a fait se lever les 18.445 spectateurs.
Passer la publicitéCeux qui étaient déjà venus à Jean-Bouin cette saison le savaient, les Ultras Lutetia et le Old Clan, les deux groupes de supporters ultras du Paris FC, un peu plus de 1.000 membres à eux deux, savent mettre l’ambiance. De quoi réchauffer les cœurs dans la froideur parisienne d’automne. Ils ont toutefois été engloutis par la ferveur lyonnaise sur chaque but de l’OL.
Car, même sans parcage visiteur pour cause d’arrêté préfectoral, il y avait des centaines, voire des milliers de Rhodaniens éparpillés dans les tribunes. Leur «Qui ne saute pas n’est pas lyonnais» a transposé la rencontre au Groupama Stadium après chacun des trois buts de leur équipe. Avant d’être à leur tour éteints par les trois buts consécutifs du PFC...
COUPS DE GRIFFE
Une heure. C’est le temps qu’auront tenu les supporters parisiens avant de céder aux chants insultants, après le troisième but lyonnais. Du genre «OL, OL, on t’enc...». Du grand classique, toujours aussi pathétique. Les parents, venus un soir avec leurs enfants en cette période de vacances scolaires, ont dû apprécier. On a préféré le «Mais ils sont où les Lyonnais» après l’égalisation invraisemblable du PFC. Comme quoi, taquiner sans insulter, c’est possible, même dans un stade de foot.
Il était revenu cet été dans la capitale, lui le natif de Bondy formé au Paris Saint-Germain, lui l’ex-international français (4 sélections), qui ne s’est jamais imposé à la Fiorentina, en Italie, mais qui devait être l’un des visages de l’ambition du Paris FC. Sa première titularisation, après des semaines à courir après sa forme, a tourné au fiasco. Jonathan Ikoné n’a rien réussi, pas un dribble, pas un tir, muselé par Abner dans son couloir. Comble de tout, l’attaquant de 27 ans, qui arbore le N.93 dans son dos en hommage au département de la Seine-Saint-Denis, s’est blessé à l’adducteur après 20 minutes. L’ancien ailier virevoltant du LOSC est toujours porté disparu.
Passer la publicitéLes hommes mentent, et parfois, les chiffres aussi. Le Paris FC a marqué trois buts mercredi, et a prolongé sur une série de neuf matches en trouvant le chemin des filets. Pourtant, Stéphane Gilli peut difficilement se satisfaire du jeu proposé par ses hommes, comme à Lens (défaite 2-1 le 19 octobre) ou à Nice (1-1 le 28 septembre).
Willem Geubbels a encore été souvent introuvable en pointe de l’attaque. Ilan Kebbal demeure branché sur courant alternatif, et Moses Simon, qui a remplacé Jonathan Ikoné, n’est pas le détonateur aperçu pendant des années à Nantes. Le tout manque de liant, d’automatismes. Avec 20 M€ dépensés pour les quatre joueurs cités, auquel on peut ajouter Jean-Philippe Krasso, effacé pour son entrée en jeu (71e), on est en droit d’attendre plus.
À la fin, on pourra dire qu’un promu est revenu de l’enfer pour arracher un point du nul inespéré face à un cador du championnat. Mais on se dit qu’il y avait peut-être la place pour plus. Si Paris n’a joué que six minutes en supériorité numérique, c’est parce que Thibault De Smet a écopé d’un second avertissement logique, qu’il n’a aucunement contesté, pour avoir empêché Pavel Sulc de mener une contre-attaque (67e).
Regrettable, car le latéral gauche parisien a été dribblé bien trop facilement, et car ses partenaires avaient le vent dans le dos. Dominateur pendant une heure, l’OL semblait pour la première fois déboussolé, submergé même, contraint de se retrancher dans son camp, avec un public qui poussait fort derrière les Franciliens. Pas sûr que les Lyonnais auraient tenu aussi longtemps sans le carton rouge de De Smet.
lefigaro


