Nucléaire : l'AIEA «très préoccupée» face à l’accroissement du stock d’uranium de l’Iran
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Téhéran a augmenté ses réserves d’uranium enrichi à 60%, s’approchant ainsi du seuil des 90% nécessaires pour fabriquer une arme nucléaire, selon un rapport confidentiel de l’AIEA.
L'Iran a augmenté de manière «très préoccupante» ses réserves d'uranium enrichi à 60%, seuil proche des 90% nécessaires pour fabriquer une arme nucléaire, selon un rapport confidentiel de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) consulté par l'AFP mercredi. Le total s'élevait à 274,8 kg à la date du 8 février (contre 182,3 kg trois mois auparavant), ce qui marque une nette accélération du rythme de production.
«L’Iran produit maintenant chaque mois quasiment assez d’uranium enrichi à 60% pour construire une arme nucléaire si le taux est porté à 90%», a commenté pour l’AFP Ali Vaez, spécialiste de l’Iran à l’international Crisis Group. Téhéran avait averti début décembre de son intention de passer à la vitesse supérieure en représailles à l’adoption d’une résolution critique par le Conseil des gouverneurs de l’AIEA. L’Iran a également annoncé la mise en service de nouvelles centrifugeuses avancées, ces machines utilisées pour enrichir l’uranium.
Le Directeur général Rafael Grossi regrette aussi «profondément que l’Iran, bien qu’il ait indiqué qu’il était disposé à envisager la désignation de quatre inspecteurs expérimentés supplémentaires, n’ait pas accepté leurs désignations», précise le rapport. Téhéran défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l’énergie, mais dément vouloir se doter d’une bombe atomique. Il est progressivement revenu ces dernières années sur l’ensemble de ses engagements pris dans le cadre de l’accord conclu en 2015 avec les États-Unis, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine et la Russie. Washington, sous le précédent mandat de Donald Trump, s’est en effet retiré unilatéralement de ce pacte en 2018, faisant dérailler le processus.
La validité du texte court jusqu’en octobre 2025 et certains pays n’excluent pas de réimposer après cette date des sanctions contre l’Iran. Les tentatives pour raviver l’accord, désormais une coquille vide, ont depuis échoué. Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a encore écarté mardi toute «négociation directe» avec les États-Unis dans le contexte actuel de «pression maximale». «L’Iran ne négociera pas avec un pistolet sur la tempe», prévient Ali Vaez.
Ce rapport est publié à quelques jours de l’ouverture à Vienne d’une réunion du Conseil des gouverneurs de l’instance onusienne. Selon le document, les réserves totales d’uranium enrichi s’élèvent à 8294,4 kg (contre 6.604,4 kg précédemment), soit plus de 41 fois la limite autorisée par l’accord international de 2015. L’AIEA promet un rapport complet d’ici au printemps 2025, comme l’ont demandé les pays européens et les États-Unis dans une résolution.
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