«L’activité n’est pas viable» : François Bayrou écarte une nationalisation de Vencorex
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L’entreprise iséroise de chimie devrait cumuler «plusieurs centaines de millions d’euros» de pertes d’ici dix ans, selon le premier ministre. Une douche froide pour les 450 salariés.
«Une nationalisation même temporaire de Vencorex ne saurait être la réponse en l’absence de solution de pérennité identifiée.» Le premier ministre François Bayrou a écarté toute nationalisation de l'entreprise Vencorex à Pont-de-Claix (Isère), dont dépendent de nombreux emplois, dans une lettre adressée aux élus et syndicats, a-t-on appris ce lundi 24 février.
Depuis décembre, les élus de la région, appuyés par des parlementaires et les responsables des principaux partis de gauche, réclament une «nationalisation temporaire» de Vencorex afin d'éviter son démantèlement et une perte de souveraineté pour des secteurs comme le nucléaire ou le spatial. Cette entreprise en redressement judiciaire joue un rôle central pour la chimie régionale à qui elle fournit des produits utilisés ensuite comme matières premières, dont du sel.
Une expertise «a démontré que l'activité de Vencorex n'est pas viable selon tous les scénarios étudiés, y compris les plus optimistes, avec des pertes cumulées de plusieurs centaines de millions d'euros à un horizon 2032/2033, estime François Bayrou. Je constate qu'à ce jour, malgré les efforts déployés par l'administrateur judiciaire et les services de l'État en mobilisant le cas échéant les outils financiers publics, Vencorex n'a reçu qu'une seule offre de reprise.»
Le gouvernement et les services de l'État «sont et resteront pleinement mobilisés aux côtés des élus et des acteurs du territoire», selon lui. Un échange avec son cabinet est prévu dans les prochains jours. «C'est la douche froide, et une profonde déception car c'est un non ferme et catégorique à tout», a réagi Raphaël Guerrero, maire de la commune voisine de Jarrie, où est implantée une usine Arkema qui a annoncé envisager de supprimer 154 de ses 344 emplois à la suite des difficultés de Vencorex. «L'État ne nous aide pas, on va continuer à se battre notamment pour que l'Assemblée nationale puisse débattre» du sujet, a-t-il ajouté.
Vencorex est désormais en attente d'un jugement de mise en liquidation du tribunal de commerce de Lyon le 6 mars. Seule une cinquantaine d'emplois sur les 450 devraient être maintenus dans le cadre d'un rachat d'une part de l'activité par le groupe chinois Wanhua, son concurrent.
lefigaro