Environnement. PFAS dans l’eau : une gestion au goutte à goutte, sans réponse pérenne

L’annonce est tombée début juillet dans la Meuse et les Ardennes. Dix-sept communes de ces départements – dont une s’est ajoutée le 1er août – se voient contraintes de distribuer des eaux en bouteille à leurs habitants en raison d’une eau du robinet affichant des seuils trop élevés de PFAS, ces polluants dits éternels à cause du temps qu’ils prennent à se désagréger dans la nature. Ainsi, depuis un mois, les habitants rythment leur quotidien d’allers-retours vers les supermarchés pour acheter des bouteilles d’eau en plastique et compléter les distributions publiques dont les coûts restent supportés par les municipalités.
Et ce n’est pas la première fois que des arrêtés sont signés en ce sens. En Bretagne ou dans le Haut-Rhin, des restrictions sont en vigueur depuis le mois de mai, allant de l’interdiction formelle de consommer l’eau du robinet, à une recommandation de ne l’utiliser que pour laver ses légumes ou faire cuire ses aliments. Certaines communes enregistrent des taux 25 fois supérieurs aux normes maximales de 0,1 mg/l. Petit à petit, la France semble découvrir que ses nappes phréatiques sont contaminées aux polluants éternels mais semble ne pas savoir comment se sortir de cette situation.
Car ces polluants sont présents partout : dans des composants pour emballages alimentaires, des mousses anti-incendie, des farts pour les skis, des ustensiles de cuisine, dans les cosmétiques etc. Et ils représentent un risque avéré pour la santé : diminution de la réponse immunitaire à la vaccination, baisse du poids de naissance, ou augmentation du risque de cancer du rein pour n’en citer que quelques-uns.
« Comment des petites communes rurales peuvent avoir des taux de contamination plus importants que des endroits où il y a de grandes industries », interroge Annick Dufils, maire de Malandry (Ardennes), au micro de franceinfo. Au niveau du captage de l’eau, la maire soupçonne un enfouissement illégal, faute de terres agricoles près de sa commune qui auraient pu causer les contaminations. « C’est un scandale sanitaire, mais plus on pose de questions et moins on nous répond », s’agace l’élue.
Le ministère de l'Ecologie s’ouvre à plus de transparence
La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé jeudi la publication de plus de 2,3 millions d’analyses des eaux en France. La plateforme permet notamment d’accéder à une carte de surveillance des PFAS dans les eaux souterraines, de surface ou distribuées au robinet, ainsi que dans les sites industriels. Cette publication fait suite à un plan d’action annoncé par le gouvernement en avril 2024.
La ministre a également annoncé le lancement à venir d’une consultation du public sur deux projets de décrets. L’un porte sur l’interdiction des PFAS dans les objets de la vie courante, et l’autre porte sur l’adoption d’une trajectoire de réduction des émissions industrielles de PFAS. Ces textes feront suite à la loi promulguée en février 2025.
Afin de tenter d’avoir des réponses, une plainte contre X va être déposée lundi auprès du procureur de Mulhouse par un collectif de 400 personnes qui dénonce la contamination de l’eau dans l’agglomération de Saint-Louis (Haut-Rhin). « Pendant deux ans, aussi bien Saint-Louis Agglomération que son opérateur privé (Veolia) ont fourni de l’eau contaminée à des taux particulièrement élevés qui sont considérés comme les plus importants en France » a indiqué André Chamy, avocat du collectif de riverains. Sur les 80 000 habitants de l’agglomération, 60 000 sont touchées par ces problèmes d’approvisionnement. Le 25 avril, la préfecture du Haut-Rhin avait annoncé l’interdiction de la consommation d’eau du robinet pour les personnes sensibles dans 11 communes situées à proximité de l’aéroport franco-suisse de Bâle-Mulhouse. Le gestionnaire de l’aéroport assure qu’il participera financièrement à la dépollution des nappes phréatiques, sans en préciser le montant.
La vallée de la chimie lyonnaise n’est pas en reste. Arkema et Daikin ont été épinglées pour leur supposée pollution des eaux du sud de Lyon. La Métropole avait ainsi assigné en justice les deux groupes dans l’espoir de faire appliquer le principe de pollueur-payeur. Des estimations de la collectivité chiffraient à entre 5 et 10 millions d’euros l’addition pour faire baisser le taux de PFAS dans les nappes phréatiques.
Le Journal de Saône-et-Loire