Ligue 1 : quatre questions sur le conflit entre l’OM et l’arbitrage, qui agite le football français

Les images ont fait le tour des réseaux sociaux : dans les couloirs de l'Abbé-Deschamps, Pablo Longoria explose et s'emporte contre "la corruption" de "ce championnat de merde", alors que son OM est en train de s'incliner sur la pelouse d'Auxerre, samedi 22 février. S'il est, depuis, revenu sur ses propos, regrettant notamment le terme de "corruption", le président espagnol de l'OM se retrouve au cœur d'une polémique qui dépasse le Vieux-Port, et il risque gros.

Que s'est-il passé à Auxerre ?

Déjà battu au Vélodrome par l'AJ Auxerre en première partie de saison (1-3), l'Olympique de Marseille a vécu une soirée difficile, samedi 22 février, sur la pelouse auxerroise, avec un revers cinglant à la clef (3-0). Peu après l'heure de jeu, alors que l'AJA menait déjà 1-0, Jérémy Stinat a expulsé le défenseur phocéen Derek Cornelius, en le sanctionnant d'un deuxième carton jaune. Jugeant que l'arbitre avait déjà oublié un penalty pour l'OM, et refusé injustement un but pour hors-jeu, Pablo Longoria est entré dans une colère noire dans les couloirs du stade.

"Tout est organisé depuis le jaune de Balerdi à Angers, c'est de la vraie corruption ! C'est un championnat de merde. Si l'OM a une proposition pour la Superligue, on part tout de suite", a notamment tonné Pablo Longoria face aux caméras. Depuis, le président de l'OM est revenu sur ses propos. Au club, on reconnaît que les erreurs d'arbitrages pointées du doigt en Bourgogne sont "discutables", mais une source proche du dossier précise qu'il s'agissait "de la goutte de trop."

Pourquoi l'OM s'insurge contre l'arbitrage ?

Pour comprendre l'accès de colère de Pablo Longoria à Auxerre, il faut rappeler que, depuis le début de la saison, l'OM s'estime lésé par l'arbitrage, et a pris la posture de ne rien laisser passer, peu importe le classement en Ligue 1. Sans rentrer dans une énumération des faits de jeu concernés, le diffuseur officiel de la Ligue 1, DAZN, a publié une compilation non exhaustive. Entre autres, l'OM a écrit plusieurs fois à la direction de l'arbitrage, notamment pour s'étonner de la désignation de Jérémy Stinat pour Auxerre-OM, alors qu'un litige est en cours avec Medhi Benatia. Une lettre restée sans réponse.

L'OM a également interpellé la Ligue au sujet d'un opérateur VAR qui manifeste sur ses réseaux sociaux sa haine de l'OM, mais n'a pas eu de réponse. Pourtant, lors d'Auxerre-OM, l'angle de caméra dans le bus VAR avait été modifié, pour ne pas que l'on puisse identifier l'opérateur aux manettes.

Si Pablo Longoria est revenu sur ses propos, en "tenant à dire qu'il n'y a pas de corruption dans le foot français", le club ne devrait pas abandonner sa posture sur l'arbitrage en pleine saison, à en croire le président marseillais : "Si dans la vie on décide de tout laisser passer, alors c'est un monde sans conviction. Et autant je ne me retrouve pas dans le type de réaction que j'ai eue, autant je ne me reconnaîtrai jamais dans une personne qui ne défend pas ses convictions."

Que risque Pablo Longoria ?

Convoqué mercredi 26 février devant la commission de discipline, Pablo Longoria risque une longue suspension, dont la durée dépendra de la qualification des propos, malgré son rétropédalage. Le barème disciplinaire de la Ligue de football professionnel prévoit en effet une suspension de trois matchs en cas de "comportement excessif/déplacé", mais de 12 matchs pour un "comportement grossier/injurieux".

En cas de suspension, Pablo Longoria ne pourrait pas accéder aux vestiaires les jours de match, ni au banc de touche, et serait suspendu de toutes fonctions officielles. Et ce alors que Medhi Benatia, le directeur sportif phocéen, est déjà suspendu pour trois mois. En outre, Pablo Longoria ne pourrait pas siéger au conseil d'administration de la LFP, dont il est membre.

Enfin, le président espagnol de l'Olympique de Marseille est aussi ciblé par une plainte pour diffamation, qui sera déposée mercredi par le Syndicat des Arbitres de Football Elite (SAFE), signée par l'ensemble des arbitres de Ligue 1 et de Ligue 2, qui n'entend pas laisser passer cet incident.

Quelles conséquences pour l'OM ?

Sportivement parlant, l'Olympique de Marseille ne risque pas de retrait de points ou d'autres types de sanctions. Le club devra simplement composer sans son président les jours de match, ce qui ne change pas grand-chose à la vie d'un vestiaire. La question est de savoir : l'OM sera-t-il arbitré comme si de rien n'était jusque la fin de la saison ? Les arbitres, même inconsciemment, seront-ils plus durs avec les joueurs olympiens après cet épisode, ou au contraire plus cléments, à l'idée que chacune de leurs décisions sera auscultée à l'aune de cette affaire ?

Interrogé par franceinfo: sport sur le sujet, le SAFE assure que rien ne changera pour les hommes en noir : "Un arbitre à ce niveau-là est très préparé psychologiquement, mentalement, tranche le porte-parole du syndicat, Olivier Lamarre. Il est absolument prêt à prendre des décisions sur le terrain, sans tenir compte de ce qu'il se passe dehors, et faire abstraction de tout ce qu'on a pu dire avant le match."

Dans le même entretien, le SAFE reconnaît toutefois que la désignation de Jérémy Stinat pour Auxerre-OM, alors même que ce dernier est impliqué dans un litige judiciaire avec Medhi Benatia à la suite du match de Coupe de France entre Lille et l'OM début janvier, "peut poser question."