Retraites : le gouvernement défend les 64 ans, à l’approche des négociations patronat-syndicats
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Revenir sur l’âge de départ à la retraite à 64 ans pourrait être «une erreur très grave», a notamment estimé le ministre délégué chargé du Commerce extérieur Laurent Saint-Martin.
Le gouvernement envoie un message à quatre jours de l’ouverture de négociations entre patronat et syndicats destinées à amender la contestée réforme des retraites de 2023. Les ministres du Travail et du Commerce extérieur ont défendu ce dimanche le maintien à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite. Adoptée aux forceps en utilisant l’article 49.3 de la Constitution, la dernière réforme avait notamment porté cet âge de 62 à 64 ans puis, à la mi-janvier, le nouveau premier ministre, François Bayrou, s’était résolu à revenir sur le texte contesté en annonçant un «conclave» de renégociation «sans aucun tabou».
Pour les syndicats, la priorité est de revenir en arrière sur les 64 ans. Le patronat exclut toute augmentation de sa contribution financière. «Si c’est pour déséquilibrer plus encore le système de retraite, je pense que c’est une erreur très grave (...) pour nos propres finances publiques, pour le refinancement de notre dette», a déclaré le ministre délégué chargé du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, sur le plateau de LCI, au sujet d’une remise en cause des 64 ans.
«Il nous faut faire des choix budgétaires courageux et ces choix budgétaires courageux, c’est de simplement savoir financer et équilibrer un système de protection sociale. Et donc ça passe par des réformes qui sont celles notamment de notre assurance retraite et certainement pas revenir en arrière», a ajouté le ministre. La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a défendu ce dimanche sur Franceinfo l’idée «de travailler plus longtemps» .
Faut-il aller plus loin que le décalage de l’âge légal à 64 ans ? «Il faut regarder l’ensemble des leviers aujourd’hui, ça peut être la mesure d’âge, ça peut être la durée de cotisation, ça peut être la sous-indexation» des retraites par rapport à l’inflation, a-t-elle répondu. Elle a toutefois estimé qu’il fallait «prendre en compte» la question des «carrières pénibles», des métiers «qui ne sont pas tenables toute une vie».
La Cour des comptes a brossé jeudi le tableau d’une situation financière «préoccupante», et examiné plusieurs leviers sans préconiser de «réforme globale», ni déterminer les choix «à privilégier», dans un diagnostic sur lequel doivent s’appuyer les partenaires sociaux pour leurs rounds inédits de négociations sur les retraites.
Dans un contexte où le pays fait face à un déficit public qui pourrait s’établir à 6,1% du Produit intérieur brut (PIB) en 2024, largement au-dessus des 3% tolérés par Bruxelles, le ministre chargé du Commerce extérieur estime «qu’équilibrer un modèle de protection sociale est le b.a.-ba» et dit ne pas voir «pourquoi la France serait incapable d’être au rendez-vous là-dessus». Du côté des organisations patronales, le président du Medef, Patrick Martin, a estimé dimanche, dans les colonnes du JDD, qu’il faudrait «a minima» maintenir à 64 ans l’âge légal de départ à la retraite, voire «le pousser un peu plus loin» . Pour Patrick Martin, il faut «réinventer le financement» des régimes de protection sociale dans leur ensemble.
Du côté des syndicats de salariés, la priorité est de revenir en arrière sur les 64 ans. La dirigeante de la CGT, Sophie Binet, a rappelé au cours de la semaine que «l’objectif de la CGT» est toujours «d’abroger cette réforme injuste et violente», ce qui coûterait «10 milliards d’euros» , un chiffre selon elle «tout à fait soutenable». La numéro 1 de la CFDT, Marylise Léon, attend «un bouger sur l’âge légal, la reconnaissance des métiers pénibles» et l’amélioration des droits des femmes.
lefigaro