Retraites : il faut «a minima» préserver l'âge de départ à 64 ans, voire «le pousser un peu plus loin», affirme Patrick Martin
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Le patron du Medef dénonce par ailleurs une «myopie collective» et juge «incompréhensible» le choix de revenir sur la réforme des retraites de l’ancienne première ministre, Élisabeth Borne.
Le Medef défend bec et ongles les 64 ans. Le président de la principale organisation patronale Patrick Martin a estimé ce dimanche qu'il faudrait «a minima» maintenir à 64 ans l'âge légal de départ en retraite, voire «le pousser un peu plus loin», dans une interview donnée au Journal du Dimanche. «A minima, préservons l'âge légal de départ à 64 ans. Si l'on était réaliste, il faudrait peut-être même le pousser un peu plus loin», a déclaré Patrick Martin dans les pages du JDD, alors que des négociations vont s'ouvrir jeudi entre patronat et syndicats pour amender la très contestée réforme des retraites de 2023, qui avait fait passer de 62 à 64 ans l'âge légal de départ à la retraite. «La Cour des comptes a fait le calcul : si on rabaisse l’âge légal à 63 ans, cela creusera le déficit de 13 milliards par an d’ici à 2035. A minima, si on poussait le curseur à 65 ans, cela réduirait le déficit à peu près du même montant. C’est arithmétique !», juge-t-il, estimant qu’ «il faut préserver la réforme des retraites et, à terme, l’amplifier».
Les négociations entre partenaires sociaux, à qui le gouvernement laisse jusqu'à «début juin», s'annoncent ardues, tant les positions sont antagonistes. Pour les syndicats, la priorité est de revenir en arrière sur les 64 ans. Le patronat exclut lui toute augmentation de sa contribution financière. «Si l'on veut, dans la durée, assurer des pensions de retraite au même niveau qu'aujourd'hui, et donc préserver le niveau de vie des retraités, il n'y a pas 50 solutions : soit on augmente les cotisations des entreprises comme des salariés - pour nous, c'est non - (...) soit on augmente la durée de cotisation», insiste-t-il. «Toutes les études montrent que l’âge de départ est la mesure la plus efficace pour atteindre cet objectif, et surtout la plus bénéfique à l’économie et à l’emploi», affirme le «patron des patrons». Il dénonce par ailleurs une «myopie collective» et juge «incompréhensible» le choix de revenir sur la réforme des retraites de l'ancienne première ministre, Élisabeth Borne. Elle «avait été digérée bon gré mal gré par l'opinion», estime Patrick Martin.
Patrick Martin a également insisté sur la nécessité d'une «unité du monde patronal» sur le sujet des retraites, quelques jours après que son homologue de la CPME, Amir Reza-Tofighi, s'est déclaré prêt à envisager un retour au départ à la retraite à 63 ans, à condition que cette mesure s'assortisse d'une indexation automatique de l'âge de départ sur l'espérance de vie. Amir Reza-Tofighi plaide pour «travailler plus», «ajouter une retraite par capitalisation» et aligner la CSG des retraités sur celle des actifs. «Lorsqu'on fait des propositions, il faut pouvoir les évaluer précisément. À ce jour, les experts du Medef et les économistes, n'ont pas trouvé de meilleure solution que celle du report de la borne d'âge», a répondu Patrick Martin.
Dimanche, au micro de Franceinfo, la ministre chargée du Travail et de l'Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, a regretté que l'idée proposée par la CPME d'introduire une part de capitalisation dans le système soit «taboue dans les discussions sociales». «On a 15 millions de Français aujourd'hui qui font de la capitalisation, (...) ce n'est absolument pas tabou pour les Français» et «ça doit faire partie des sujets de discussion», a-t-elle jugé.
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