La Guyane vise le 100 % énergies renouvelables en 2027

Un double objectif de 100 % d’énergies renouvelables en 2027 et une autonomie de production électrique à l’horizon 2030. La prochaine Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) de la Guyane ne manque pas d’ambitions. Mais ce département amazonien de 300 000 habitants en a-t-il moyens ?
Le rapport parlementaire réalisé en 2023 sur l’aménagement du territoire estime que le but est atteignable compte tenu du fait que, grâce au solaire et à l’hydraulique, le mix électrique atteint déjà 73 % d’énergies renouvelables.
Une perspective dont se réjouit Arnaud Flament, représentant régional du Syndicat des énergies renouvelables (SER). « C’est une performance à saluer, sans équivalent pour une zone non interconnectée au réseau électrique continental », a-t-il déclaré à l’Agence France-Presse (AFP).
En revanche, l’organisation déplore un manque d’ambition sur l’autre volet de cette PPE : l’autonomie énergétique, objectif pourtant inscrit dans la loi de « transition énergétique pour la croissance verte » de 2015.
« On pense que l’on aurait pu aller beaucoup plus loin en intégrant davantage de sources d’électricité renouvelables endogènes sur un territoire au potentiel important, et ainsi limiter l’utilisation des bioliquides importés à leur strict minimum », souligne Arnaud Flament.
Dans son viseur : le mode d’approvisionnement de la future centrale du Larivot qui fonctionnera à la biomasse liquide à partir de colza. Pour faire tourner sa centrale, EDF devra en importer 100 000 tonnes par an, car il n’existe aujourd’hui sur place aucune filière de production d’agrocarburants.
La PPE, dont la phase de concertation s’est achevée le 10 mai, constitue l’outil de pilotage de la politique énergétique du territoire ultramarin. Il est co-élaboré par les services de l’État et les autorités locales pour une période de cinq ans, avec une vision sur 10 ans.
Y sont inscrits les besoins en énergie et en moyens de production à horizon 2028 et 2033, corollaires du développement économique et infrastructurel de la Guyane, territoire qui a connu ces dernières années une des plus fortes croissances démographiques selon l’Insee.
La PPE prévoit d’augmenter d’ici 2033 la part du solaire de 61 mégawatts (MW) qui fournit déjà 7 % de la consommation électrique en 2024. La puissance garantie de la biomasse solide sera augmentée, elle, de 10 MW et la valorisation des déchets entre 6,9 MW et 12,9 MW. L’énergie éolienne devrait fournir 20 MW, à condition que l’armée, qui protège le centre spatial de Kourou avec ses radars, lève son veto. Enfin, pour éviter les fréquents « black-out » actuels sur le réseau, la PPE table sur la centrale électrique EDF du Larivot et ses 120 MW.
Ce projet de 700 millions d’euros est le plus gros investissement actuellement en Guyane. En cours de construction près de Cayenne après avoir été longtemps contesté en justice, le Larivot doit à terme remplacer la vieille centrale thermique, très polluante, de Dégrad-des-Cannes.
Consciente de la dépendance aux importations pour la faire tourner, la Collectivité territoriale de la Guyane prévoit une utilisation « a minima » de la centrale, le temps que les projets d’énergies renouvelables sortent de terre. « C’est un moyen de sécurisation du réseau et pas de production », a précisé Pierre Cazelles, chef du département transition énergétique de la Collectivité, interrogé par l’AFP.
À l’horizon 2033, le Larivot ne devrait représenter qu’entre 15 % et 35 % du mix énergétique à horizon 2033. Mais ces projections laissent dubitatif le Syndicat des énergies renouvelables qui estime que la centrale occupe une place encore trop importante au détriment de la valorisation de ressources renouvelables locales.
TotalEnergies a d’ailleurs retiré, début mars, le projet de ferme solaire « Maya » de 20 MW, prévu près de Cayenne en raison de « l’absence de besoin en moyens additionnels de production de puissance pilotable » inscrit dans la future PPE autour du chef-lieu de Guyane.
La Croıx