Fête des producteurs du Var: ce poids lourd qui fait rayonner le Sud

Un marché "pas comme les autres". Quand le chef Australo-Philippin Valentine Costuna (ex-Astrid y Gastón à Lima au Pérou, plusieurs fois listé parmi les meilleurs restaurants du monde) explique pourquoi il a posé ses casseroles à Ramatuelle, au domaine Fondugues-Pradugues, après avoir baroudé dans les plus grands établissements étoilés du globe, la réponse est bête comme chou: pour sourcer de l’agneau du Var, des poissons de Méditerranée, des fruits et légumes locaux et nourrir ainsi sa créativité.
"Tout part de la saisonnalité du produit, ce sont les ingrédients qui écrivent ma carte. Je suis venu dans le sud de la France pour la cuisine du marché. Ici avec le soleil de Méditerranée, les produits sont gorgés de saveurs et l’offre locale est ultra-diversifiée", défend le chef locavore.
L’agriculture, deuxième moteur économique du départementDes propos qui donnent la banane au président de la chambre d’agriculture du Var, Sylvain Audemard. Et que corroborent les chiffres: les productions agricoles du département génèrent chaque année plus de 950 millions d’euros de chiffre d’affaires, emploient 12.000 salariés agricoles directs et font vivre 4.391 exploitations.
"On approche le milliard d’euros de valeur. Après le tourisme (5 millions d’euros de retombées économiques sur la saison 2024), l’agriculture est le second moteur économique du département", campe le président.
Les Alpes-Maritimes ne sont pas en reste, sur un modèle cultural un peu différent: le top 5 des productions (fleurs et plantes, production animale, maraîchage et plantes fourragères) y génère un chiffre d’affaires annuel de 77 millions d’euros, selon les données Agreste 2022 issues du dernier recensement agricole 2020. Dans le Var, sans surprise, la part du lion revient à la viticulture et l’horticulture.
Leadership varois du vin rosé et de la fleur coupéePremier producteur mondial de vin rosé AOP avec 40 millions de bouteilles exportées chaque année dans le monde, le département est aussi le premier producteur national de fleurs coupées. Un dynamisme illustré par le marché aux fleurs d’Hyères, le seul en Europe capable de rivaliser avec les marchés néerlandais.
C’est aussi le seul département de France métropolitaine doté de deux centres de recherche spécialisés sur le vin rosé et l’horticulture (la station d’expérimentation d’Asredhor créée en 1984), pour "innover et renforcer la compétitivité de nos productions locales", argumente Sylvain Audemard.
Il faut ajouter à ce palmarès la figue rose de Solliès dont le département est le premier producteur mondial, le citron de Menton, l’huile d’olive (la région Paca concentre 66% de la production nationale) et des cultures ultra-diversifiées, dans le Var comme dans les Alpes-Maritimes: horticulture, arboriculture, maraîchage, polyculture-élevage.
"Notre agriculture est à l’image de l’agriculture méditerranéenne. Nous sommes favorisés par la climatologie qui baigne notre territoire contrasté entre littoral et montagne. On est loin des grandes plaines de la Beauce en Bretagne. Ici, il y a des vallons, des vallées cerclées de forêts, avec un tissu de petites exploitations qui écoulent leurs productions principalement en vente directe", brosse Sylvain Audemard.
Cette structuration permet aux agriculteurs de faire leur beurre grâce à la valorisation de leurs produits, "avec une production brute de 400 millions d’euros et 600 millions d’euros de valeur ajoutée, principalement en viticulture et fleur et feuille coupées" calcule le président.
Premier département bio de FranceCerise sur le gâteau, le Var est aussi le premier département de France métropolitaine pour la bio avec 43% des surfaces agricoles utilisées (SAU) labellisées agriculture biologique ou en conversion. Comparativement, 22% de la SAU des Alpes-Maritimes est bio.
Mais avec une tache sur la nappe: dans ce Sud touché par l’urbanisation galopante, les terres agricoles ne recouvrent que 18% du territoire varois et 17% des terres maralpines.
"Ce qui est rare étant cher, le foncier agricole est voué aux spéculations. On se doit de le protéger le mieux possible", alerte Sylvain Audemard qui animera une table ronde dimanche à Saint-Raphaël sur ces enjeux forts pour l’avenir des agricultures du Sud.
Un mini-salon de l’agriculture varoisC’est pour mettre en avant et en lumière cette richesse de l’agriculture varoise que le Groupe Nice-Matin a décidé d’organiser un mini-salon de l’agriculture ancré sur le territoire.
Ce samedi et ce dimanche, le palais des congrès de Saint-Raphaël va être la porte d’entrée vers une palette infinie de saveurs. Chaque "épicurieux" est invité gratuitement à venir rencontrer ceux qui font chanter nos palais.
Près de cinquante producteurs ont répondu à l’appel pour proposer ce qu’ils ont de meilleurs et ainsi dessiner la carte plurielle de la foisonnante agriculture varoise.
De l’entrée au dessert, vous pourrez composer un panier gourmand ou un menu 100% varois en acquérant pain, légumes, viande, truffes, fromages, yaourts, huile d’olive, vinaigre, miel, biscuits, etc.
Pour ce qui est des boissons, les viticulteurs se taillent sans surprise la part du lion avec une vingtaine de producteurs représentant toutes les nuances des terroirs varois, de l’Estérel à la Dracénie en passant par le golfe de Saint-Tropez et jusqu’à Pierrefeu, La Londe et le Bandol.
Vous pourrez également découvrir en préambule les jus de fruits du Mas de Donat (Toulon) ou, pour le crépuscule, le rhum au chanvre de Green Morango (Callian).
"Notre devoir est de les soutenir"Cette première Fête des producteurs du Var est une belle promesse d’agapes printanières. Simon Perrot, le directeur général du Groupe Nice-Matin, en brosse la genèse: "Tout est parti de discussions sur le Salon de l’agriculture de Paris en 2024. Acteurs de la filière, institutionnels, partenaires privés… On était tous d’accord pour dire que le Var devait disposer de son propre salon de l’agriculture pour mettre en avant tous les producteurs, et pas seulement les viticulteurs. Il y avait une volonté commune de célébrer notre agriculture et ce d’autant plus que les filières souffrent. Elles souffrent de la pression foncière, de la situation géopolitique, du changement climatique ou encore de la problématique de transmission. Notre devoir est de les soutenir. On le faisait déjà à travers le journal mais on voulait créer un événement pour faire de nos lecteurs des ambassadeurs. Il faut que la population locale soit engagée. On l’a vu pendant la pandémie de Covid, mais ça s’est un peu perdu. Il faut réveiller la fierté! "
Le feu vert a été donné en février dernier, l’annonce officielle intervenant lors du Salon de l’agriculture à Paris. Pour monter sur pied cet événement, il ne restait plus que deux mois et demi. Autant dire que le service événementiel et la régie commerciale du Groupe Nice-Matin ont mis les bouchées doubles pour relever le défi.
La première édition de cette fête, qui se veut pérenne, va donc naître à Saint-Raphaël, avec le soutien de la Ville qui a mis à disposition le palais des congrès. Côté partenaires, le Département, la Chambre d’agriculture et le Crédit agricole, affirment leur rôle d’acteur de la filière.
Ferme, musique et food-trucksParce que le lait de chèvre ne pousse pas dans une bouteille, une ferme pédagogique permettra aux petits et grands de voir des animaux dont certains incarnent une filière: poule, oie, cochon, lapin, cochon d’Inde, chèvre, vache, âne et même un lama qui salive à l’idée de vous rencontrer! C’est la Ferme d’Espigoule à Ginasservis qui se charge d’incarner au poil le mini-salon varois.
Restauration et animationUn espace restauration est aménagé en extérieur, avec deux food trucks qui proposeront des burgers et salades (La Cantine du Rocher, Roquebrune-sur-Argens) ainsi que de la rôtisserie de volaille avec La Ferme d’amours (Besse-sur-Issole).
Pour étancher votre soif, Les brasseurs de l’Estérel se chargent des notes houblonnées alors que le domaine Murennes (La Môle) tiendra un wine truck. L’animation musicale est confiée à un groupe en circuit court: The Swingsons (jazz manouche).
Des questions d’actualité en débatEn marge des agapes, deux tables rondes susciteront le débat sur deux thèmes d’actualité qui concernent le territoire varois; l’agritourisme (samedi à 15h) et la disparition des terres agricoles (dimanche à 11h).
Animés par le directeur délégué de Var-matin, Guilhem Ricavy, ces deux temps d’échange seront enrichis par Martine Felio, la directrice générale de Var Tourisme et Sylvain Audemard, le président de la chambre d’agriculture du Var.
Cinq agriculteurs honorésPour cette première édition, le Groupe Nice-Matin, le Département, la chambre d’agriculture et le Crédit agricole ont décidé de décerner cinq trophées récompensant des agriculteurs en quête d’excellence dans un domaine précis (bio, circuit court, gastronomie, agritourisme et transmission familiale).
Le jury a déjà délibéré et choisi les lauréats, récompensés ce samedi à 11 heures.
Entrée gratuiteRejoignez la Fête des producteurs du Var au palais des congrès de Saint-Raphaël, samedi 10 mai de 10h à 20h et dimanche 11 mai de 10h à 18h.
L’entrée est gratuite. Verre de vin de dégustation gravé: 5 euros. Inauguration samedi à 10h, cérémonie des trophées ce samedi à 11h.
Var-Matin