Dette : Fitch abaisse la note de la France, pointant ses finances publiques dégradées

Le coup de tonnerre était redouté. Quatre jours après la chute du gouvernement de François Bayrou, une des trois plus importantes agences de notation, l’américaine Fitch, a rétrogradé ce vendredi soir la note française qui passe de AA- à A +. Cette entreprise, comme les deux autres poids lourds du secteur, les américaines Moody’s et Standard & Poor’s, sont chargées d’évaluer la capacité d’un emprunteur, en l’occurrence l’État français, à rembourser leur dette.
Depuis octobre 2024, Fitch avait placé la France en AA- avec perspective négative. Autrement dit, Paris, avec une dette qui affiche aujourd’hui 3 400 milliards d’euros, était sous la menace de passer en seconde division.
Cette rétrogradation apparaît comme une demi-surprise. Lors de sa précédente évaluation, en mars dernier, Fitch avait fourni quelques détails sur les facteurs qui pourraient conduire à dégrader la note tricolore. Et notamment « l’incapacité à mettre en œuvre un plan crédible d’assainissement budgétaire à moyen terme, par exemple en raison de l’opposition politique ou de pressions sociales, qui permettrait une stabilisation générale de la dette à moyen terme « , avait-elle écrit. Autant dire que la démission du gouvernement, en début de semaine, et les mobilisations de mercredi dans le cadre du mouvement « Bloquons Tout », n’ont pas aidé à sauver le double A tricolore.
Quoi qu’il en soit, ce déclassement ne devrait pas avoir trop d’impact sur le taux auquel la France emprunte pour financer sa dette. Selon plusieurs économistes et responsables institutionnels, les marchés ont depuis longtemps anticipé cette dégradation. Au point d’aboutir à certaines incohérences.

Ainsi, les intérêts demandés par les investisseurs sur des obligations françaises à 10 ans sont supérieurs à ceux de pays comme l’Espagne, le Portugal, la Belgique ou encore la Grèce, alors qu’ils sont moins bien notés que la France. D’ailleurs mardi, durant un bref instant, les intérêts payés par Paris pour des emprunts sur dix ans ont même atteint ceux payés par l’Italie, pourtant pire élève de l’Union européenne.
Reste à savoir comment se comporteront les deux autres agences de notation et notamment Standard & Poor’s qui note pour l’instant la France AA-, comme Moody’s, mais avec une perspective négative. Le verdict sera rendu le 28 novembre un plus d’un mois après celui de Moody’s prévu le 24 octobre. Si d’aventure la France enchaînait les dégringolades, cela pourrait conduire certains investisseurs aux critères exigeants à se détourner des obligations françaises.
Mais plus que financière cette dégradation symbolise l’image renvoyée par la France au reste du monde. Celle d’un pays dont les responsables politiques de tous bords se révèlent mois après mois incapables de s’entendre pour apporter un peu de stabilité, notamment en votant, avec un minimum de sérénité, un budget.
Un constat d’autant plus regrettable, que l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) dans sa dernière note de conjoncture, publiée jeudi dernier, dresse un portrait plutôt flatteur de l’économie tricolore. Avec notamment une croissance qui devrait atteindre 0,8 % du produit intérieur brut (PIB) en 2025 au lieu des 0,6 % envisagés lors de la note de juin. Mais aussi un taux de chômage qui résiste puisqu’il devrait atteindre 7,6 % cette année.
Des résultats qui auraient pu être meilleurs si la consommation, traditionnel moteur de la croissance française avait enfin redémarré. Une reprise qui était attendue notamment du fait de l’épargne particulièrement abondante depuis le Covid. Pour expliquer cette panne de la consommation, l’Insee a avancé comme principal argument… L’instabilité politique.
Le Parisien