Bitschwiller-lès-Thann. Un éleveur et sa compagne choisis pour reprendre la ferme-auberge du Thannerhubel

Le bail avait été résilié le 31 décembre 2024. Serge Zussy, qui gérait avec sa famille la ferme-auberge du Thannerhubel, sur les hauteurs de Bitschwiller-lès-Thann, avait décidé de poursuivre d’autres aventures. La municipalité a donc cherché des remplaçants. Auparavant, elle a mené des travaux d’électricité, d’éclairage, d’étanchéité et de peinture pour redonner un peu de lustre au bâtiment et ses dépendances, sur lesquels le temps et les aléas climatiques avaient fait leur œuvre. La commission de sécurité a donné son feu vert à la relance de l’exploitation.
L’appel à candidatures s’est clos le 5 juin. Quatre dossiers avaient été déposés, dont certains par des professionnels de la gestion de fermes-auberges. Pourtant, c’est sur un jeune couple novice que s’est porté le choix du maire Pascal Ferrari et de ses collaborateurs. Parmi leurs priorités figuraient notamment la continuité de l’exploitation de la chaume par la présence d’un troupeau de bovins, la volonté de fournir un accueil touristique de qualité et une capacité à assurer une cohésion entre les différents acteurs du site, notamment le Ski club de Thann, dans le respect des normes du Parc naturel régional des Ballons des Vosges.
La commission réunie a siégé le 24 juin et a désigné à l’unanimité avec un avis favorable Bastien Gully et sa compagne Noémie Hansberger. Sur la base de la grille d’évaluation des élus, le couple de trentenaires se détachait nettement des autres candidats. « La commune est heureuse d’avoir trouvé pas uniquement un candidat, mais une famille prête à relever le défi, s’est félicité Pascal Ferrari. Elle est aussi ravie de confier ces clés à un jeune agriculteur local. »

Cette ferme d’estive bâtie de pierres locales date de 1790. Après la fin du bail, en décembre 2024, la municipalité a mené des travaux d’électricité, d’éclairage, d’étanchéité et de peinture pour redonner un peu de lustre au bâtiment et ses dépendances Photo Caroline Gaertner
En effet, Bastien et Noémie, qui vivent à Moosch, à 3,1 km de la ferme-auberge à vol d’oiseau, s’installeront durant la période estivale avec leurs deux enfants, dont l’aîné, Louis, 8 ans, a pleuré de joie au moment de l’annonce de la nouvelle. Pour Bastien, c’est un projet mûri de longue date qui se concrétise. Le jeune homme avait acquis, voilà quelques années, trois vaches et trois veaux dans le but de commencer à constituer un troupeau, qu’il rêvait de voir paître dans les chaumes du Thannerhubel.
Alors lorsqu’il voit passer l’appel d’offres sur Facebook, il n’hésite (presque) pas. « J’entendais parler depuis un moment du fait que les géants allaient partir, explique-t-il. Début mai, j’ai vu la publication, mais il m’a fallu une semaine pour commencer à en parler à ma compagne. » En effet, c’est un changement de vie important pour Noémie, jusque-là salariée. Mais tous deux décident de se lancer dans l’aventure. « J’adore la cuisine et la pâtisserie, confie la discrète jeune femme. Je rêvais de pouvoir montrer ce que je sais faire de mes mains. Cuisiner un bœuf bourguignon pour dix personnes, je sais faire. Pour cinquante, il va falloir que j’apprenne ! »

Située à flanc de montagne à 1050 mètres d’altitude, la ferme-auberge domine la vallée de la Thur, la plaine d’Alsace et au-delà, la Forêt-Noire. Photo Caroline Gaertner
Tout comme son compagnon, elle va suivre des formations afin de pouvoir fournir une offre à la hauteur des exigences du couple, qui mêlent qualité et convivialité. Formations qui se mêleront aux démarches administratives, nombreuses. Cela va demander du temps et malgré son impatience, Bastien sait qu’il faudra encore franchir des étapes avant que la réouverture ne soit officielle. Ils ne seront pas seuls. Déjà, plusieurs personnes se sont proposées pour les épauler. « Il y a du pain sur la planche, reconnaît Bastien. Nous allons faire les choses progressivement, prendre nos marques là-haut pour pérenniser le projet dans le temps et faire les choses comme nous l’entendons. »
D’un point de vue culinaire, pas de révolution, une carte simple et traditionnelle sera proposée, avec un maximum de produits locaux et de la production de bœuf de la ferme. Tout le travail à fournir n’empêche pas Bastien de fourmiller de projets d’animations pour les années à venir, de la transhumance à des après-midi musicaux, le tout dans un esprit chaleureux. Et il ne faudra pas compter sur Louis pour le freiner, car il est trop occupé à répéter en boucle une question à ses parents : « Quand est-ce qu’on dort en haut ? »
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