Xavier Dorison, scénariste de BD : « Les super-héros américains sont devenus un archétype fasciste »

Quand on rencontre Xavier Dorison cet après-midi d’avril, l’auteur profite des premiers rayons de soleil sur la terrasse de sa maison d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Un ordinateur portable est ouvert sur la table, quelques feuilles éparpillées autour. A trois mètres de là, un Jacuzzi glougloute. « Il m’arrive d’y travailler, je pose l’ordinateur sur le bord et je peux y rester des heures », s’amuse le scénariste. Dorison possédait bien un atelier au fond du jardin, mais son grand fils a pris la place avec sa petite amie et son chien, reléguant le paternel dans un bureau exigu du premier étage de la maison, utilisé aussi par sa fille. « Cela ne me dérange pas, je peux travailler partout. J’aime bien écrire dans les cafés », confie le bédéaste dans un sourire.
Qu’on ne s’y trompe pas. Derrière cette apparente nonchalance, Xavier Dorison, 52 ans, est un bourreau de travail, un stakhanoviste du feuillet. En vingt-cinq ans de carrière, cet obsédé des lignes a scénarisé ou coscénarisé près de 70 albums et affiche quelque 5 millions d’exemplaires vendus. La série Undertaker, dessinée depuis 2014 par Ralph Meyer (sept tomes, Dargaud, en cours), c’est lui. Long John Silver, avec Mathieu Lauffray au crayon (quatre tomes, Dargaud, 2007-2013), encore lui. Le Château des animaux, mis en scène depuis 2019 par Félix Delep (trois tomes, Casterman, en cours), toujours lui. Sans oublier des albums unitaires mémorables, comme la reprise de Goldorak, scénarisée avec Denis Bajram (Kana, 2021), ou Ulysse & Cyrano, un des succès surprise de 2024, écrit avec Antoine Cristau et dessiné par Servain (Casterman). Son dernier opus, Les Gorilles du Général, illustré par Julien Telo, (Casterman, 96 pages, 21,95 euros), vient tout juste d’arriver dans les librairies.
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Le Monde