Il est celui qui redonne des couleurs au Marsupilami: rencontrez Benjamin Chaud à la fête du livre d’Hyères

Fabrice Michelier Publié le 18/05/2025 à 10:00, mis à jour le 18/05/2025 à 10:00
Il figure parmi les auteurs préférés des plus jeunes, par sa plume et son crayon. Benjamin Chaud a notamment donné vie à Pompon Ours et offert une seconde jeunesse au Marsupilami. De grands livres qui aiguisent l’œil des jeunes lecteurs tout en leur proposant de vraies histoires. Son dessin très riche et ses récits, dotés d’un véritable fond, ravissent les enfants. "Ce sont de grands albums avec beaucoup de détails, un peu comme des cherche et trouve, dans lesquels il y a aussi une histoire, un fil narratif", tranche l’auteur sur son stand de la Fête du livre d’Hyères.
En 25 ans de carrière, Benjamin Chaud a publié une centaine d’albums. De quoi attirer l’œil des grands éditeurs, comme lorsqu’il a été contacté pour reprendre les aventures du Marsupilami. "Little Urban m’a proposé de le faire, car ils ont acquis les droits auprès de la famille de Franquin. Et j’étais hypercontent, c’est un artiste que j’admire. Et l’univers du Marsupilami, c’est génial: la jungle, ces animaux magiques… Il y a aussi une dimension écologique qui me touche", explique-t-il. Pour Les aventures du Petit Marsu, il bénéficie d’une grande liberté: "C’est relu par Isabelle Franquin au moment du crayonné et de la mise en couleur, mais elle n’a jamais rien refusé", précise l’auteur briançonnais.
"Montrer aux enfants qu’on peut réussir sans être hypercourageux"S’il collabore avec d’autres auteurs et prête son trait à des sagas comme Pomelo ou Taupe et Mulot, Benjamin Chaud met aussi beaucoup de lui dans ses personnages. Concernant Pompon Ours, dont le premier tome est paru en 2011, il confesse même un aspect autobiographique: "Il est né en même temps que mon fils aîné. C’était pour parler du rapport père-fils. Et quand mon deuxième fils est arrivé, Pompon Ours a eu un petit frère. C’est très autobiographique: c’est le père que j’ai envie d’être et l’enfant que j’aimerais qu’il soit: curieux, libre, intrépide, tout en étant boudeur, égoïste. J’aime les héros qui sont comme nous. C’est important de montrer aux enfants qu’on peut réussir même si l’on n’est pas hypercourageux, généreux ou intelligent. La vie, c’est aussi se tromper, et on apprend plus de ses erreurs." Un message qui touche ses lecteurs… et leurs parents.
Face à la censure d’InstagramHier, nous évoquions avec Marc Levy la censure et les livres interdits dans certains États américains. Benjamin Chaud, lui, se heurte à une autre forme de censure: celle des réseaux sociaux. Sur Instagram, l’illustrateur partage avec ses abonnés quelques dessins plus adultes, qui passent difficilement la barrière de la modération, alors même qu’ils ne véhiculent aucune transgression apparente.
"Je n’arrive pas à comprendre pourquoi ni comment on censure des dessins. Un dessin a une dimension abstraite, c’est de l’imaginaire. Je ne vois pas en quoi cela pourrait être impudique. Dans l’histoire de l’art, il y a tellement de tableaux qui représentent des nus! Et le dessin, c’est aussi représenter le corps humain. Le corps n’est pas impudique, c’est le regard que l’on porte sur lui qui peut l’être. Je n’ai pas l’impression de faire des choses transgressives. Mes dessins sont tendres, drôles… Alors qu’il y a beaucoup de pornographie déguisée sur ces réseaux", conclut-il.
Il se fait discret sur son stand, mais Jérémy Fernandez attire le regard des plus jeunes. Devant lui, les deux tomes de son manga intitulé Soul’s Control, qu’il signe sous le nom de Kurogami. Amateur de mangas shōnens classiques (Naruto, One Piece…), il ne pensait pas, sur les bancs du lycée et de la fac, franchir un jour le pas. "Comme tout le monde, j’ai toujours aimé dessiner, mais sans jamais penser en faire quelque chose", assure-t-il.
C’est à la fac, accompagné d’un ami, qu’il décide de se perfectionner. Puis germe l’idée de développer son propre univers. Les premières graines de Soul’s Control sont ainsi plantées. "C’est un concept assez classique dans les mangas, avec un héros possédé par un démon. J’ai voulu le faire à ma sauce. Je suis parti de cette idée et j’ai essayé de construire un univers autour de ça", résume-t-il. Il développe ainsi son histoire et un monde peuplé de sorcières, de démons, de magie… "avec un héros dont la quête est de découvrir qui il est, et de s’en sortir."
Une quête initiatique que l’on suit dans les pas de Flynn, qui vit dans les bois avec son acolyte Cold, une petite créature. "Leur quotidien est bouleversé par l’arrivée d’un démon dans leur village. C’est alors que Flynn découvre qu’un démon vit en lui", présente l’éditeur, ADH Éditions.
Deux tomes sont déjà parus, et le troisième est attendu pour la fin de l’année. L’auteur espère boucler son histoire en une vingtaine de volumes.
Var-Matin