En Aude et en Ariège, huit citadelles candidates au patrimoine mondial de l’Unesco
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Sous le vocable de « forteresses royales du Languedoc », un ensemble qui comprend les fortifications médiévales de Carcassonne et les châteaux de Lastours, Termes, Aguilar, Peyrepertuse, Quéribus, Puilaurens et Montségur espère son inscription dans la prestigieuse liste. Un classement qui suscite quelques inquiétudes.
Le grand public les affuble du joli nom de « Citadelles du vertige ». À l’avenir, il faudra qu’il s’habitue à ranger les fortifications de Carcassonne et les châteaux de Lastours, Termes, Aguilar, Peyrepertuse, Quéribus, Puilaurens et de Montségur sous le vocable de « forteresses royales du Languedoc » -dénomination adoptée pour la candidature de leur classement au patrimoine de l’Unesco, portée par l’Aude et l’Ariège.
Officiellement, c’est le « système de forteresses de la sénéchaussée de Carcassonne (XIIIe-XIVe siècles) », composé de huit monuments répartis entre les deux départements, qui la France souhaite défendre, en 2026. Mais avant que les experts du comité international du patrimoine choisissent de retenir, ou non, cette kyrielle de sites fortifiés édifiés par Saint-Louis sur la frontière sud de ses domaines à l’issue de la croisade contre les Albigeois et afin de garder la frontière avec la couronne d’Aragon, un an et demi de travail s’ouvre devant l’Aude, l’Ariège et leurs habitants. « Nous avons déjà travaillé douze ans sur cette candidature, et allons passer les 18 mois devant nous à bâtir un plan susceptible de convaincre », a indiqué la présidente du département de l’Aude, Hélène Sandragné, lors d’un court passage à Paris, le 25 février.
La mise en réseau de Carcassonne et de ces châteaux illustrant un exemple d’architecture militaire singulier, devrait, espère le territoire, aboutir à un «tourisme basé sur la nature et l’authenticité».
Jusque-là, la ville fortifiée de Carcassonne remporte la mise en termes de fréquentation, avec 2 millions de visiteurs par an. Ce qui rend les ruelles médiévales parfois impraticables l’été, mais ne garantit pas forcément un report des touristes vers les autres citadelles. Seuls les plus vaillants ou sportifs d’entre eux prennent la route vers Quéribus ou Aguilar, en passant par les petits villages qui les bordent. « Il ne s’agit pas de viser un tourisme de masse», explique Didier Aldebert, président de l’agence de développement touristique de l’Aude, mais plutôt une « quête d’équilibre » entre plus grande ouverture aux visiteurs et maintien du caractère presque sauvage de ce coin de terre.
Dans l’année qui vient, les deux départements attendent la visite des experts de l’Unesco. Devant eux, ils devraient présenter leur plan de gestion – future signalétique, moyens mis sur la table pour entretenir et conserver les sites, etc. « Nous ne partons pas de zéro, puisque le centre des monuments nationaux gère les remparts de Carcassonne et que nous entretenons les châteaux depuis des décennies », tempère Hélène Sandragné.
Tout en essayant de séduire les experts internationaux, l’Aude et l’Ariège vont organiser des réunions publiques en direction des habitants, avant de lancer une grande campagne de communication nationale. Une enquête récente de l’office de Tourisme a montré que les Audois ne voulaient pas être perturbés par un éventuel classement, et pas seulement car ils craignent le passage de cars touristiques. « Les élevages, les vignes et les terres agricoles sont très présents dans la région, et certains ont peur de se retrouver sous cloche à cause des exigences de l’Unesco », poursuit la présidente. Il reste un an et demi pour les convaincre qu’une inscription sur la prestigieuse liste du patrimoine mondial sera un plus pour eux et pour cette région frontalière. Outre le regard du monde sur un patrimoine insigne, elle permettra de mieux raconter la grande histoire de ces places fortes construites aux XIIe et XIIIe siècles pour affirmer l’autorité du royaume de France. Sans parler des paysages vertigineux et splendides dans lesquels elles ont été élevées.
lefigaro