Cinéma. Festival de Cannes : Marcel Pagnol continue de marquer la Croisette avec un film d'animation

Marcel Pagnol est né en 1895, tout comme le premier film de l’histoire du cinéma. L’écrivain-cinéaste fut le premier, en 1955, à remettre la Palme d’or. Le Festival de Cannes, qui s’en souvient, a projeté ce samedi un biopic d’animation de Sylvain Chomet, en salles le 15 octobre.
En 1955, Marcel Pagnol préside le jury du Festival de Cannes et remet la première Palme d’or de son histoire à Marty de Delbert Mann, un film d’amour américain. Pagnol, professeur d’anglais dans les années 1920, a découvert le cinéma parlant en 1929, a abandonné pour lui le théâtre.
En 1932, il a fondé sa maison de production et ses studios à Marseille, marquant le début d’une carrière prolifique. Ses films, comme Le Gendre de Monsieur Poirier (1933) ou Topaze (1951) affirment un réalisateur auteur, dialoguiste hors pair. « Pagnol, c’est un artisan de la langue », admire Sylvain Chomet. L’apparente simplicité du verbe pagnolesque masque sa complexité. Soixante-dix ans plus tard, Sylvain Chomet ramène Pagnol sur la Croisette 2025, avec un beau portrait animé de l’académicien provençal, projeté ce samedi en séance spéciale : Marcel et Monsieur Pagnol est également attendu en juin au Festival du film d’animation d’Annecy.
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Connu pour ses films cultes comme Marius, Topaze ou La Femme du boulanger, Pagnol est souvent réduit à son amour de la Provence. Sylvain Chomet élargit le cadre, étonnant parfois, quand il met en scène le Pagnol inventeur : « Il travaillait sur des machines à mouvement perpétuel depuis qu’il était tout petit ». Ce goût pour la mécanique et l’innovation traverse le film, où l’on découvre la Topazette, son prototype de « voiture du peuple » aussi audacieux que dangereux.
Une anecdote savoureuse, finalement écartée du scénario, illustre ce Pagnol inattendu : dans sa jeunesse, alors qu’il vivait dans un appartement sous celui d’André Malraux, une de ses machines envoie un boulon à travers le plancher, frôlant l’écrivain endormi. « Il a failli tuer Malraux ! », s’amuse Chomet.
Sylvain Chomet, connu pour Les Triplettes de Belleville et L’Illusionniste, raconte Pagnol avec son style, des personnages dessinés avec beaucoup de relief. Cela va bien à ce « film sur le mouvement perpétuel de la vie », les cycles des joies et des peines de l’existence de l’écrivain cinéaste.
Dans Le Château de ma mère, Pagnol l’avait écrit : « Telle est la vie des hommes, quelques joies très vite effacées par d’inoubliables chagrins. » Dans le film, où le jeune Marcel dialogue avec son double adulte, explorant ses rêves d’enfant et ses combats d’artiste, ces chagrins prennent la forme de « chères ombres », des fantômes comme celui de la mère ou du frère de Pagnol.
Le mythe déconstruity a là toutes les ombres étendues de la vie de Pagnol : sa période sombre à la fin de la guerre, marquée par la vente de ses studios, la destruction d’un film et une rupture amoureuse avec Josette Day. « Il s’est réfugié dans l’alcool », révèle Chomet, s’appuyant sur les confidences de Nicolas Pagnol, petit-fils de Marcel. Le biopic animé n’élude pas les failles du grand homme – il faut toujours aller voir au dos des images.
L’animation intègre des images des films de Pagnol le cinéaste. « Ça ramène au réel, à des gens du cinéma qu’on a envie de revoir », précise Chomet. La partie animée est raccord avec les archives filmiques : l’imitateur Thierry Garcia double les voix de Fernandel, Raimu et d’autres, dans une sorte de polyphonie de légendes, qui fait revivre les icônes sans tomber dans le folklore de l’accent exagéré.
Marcel et Monsieur Pagnol n’est pas seulement un film sur un homme, mais sur le cinéma lui-même, ses hasards, ses rencontres et ses rêves. Chomet, en déconstruisant le mythe, révèle un Pagnol porté par une quête d’absolu.
Le Progres