Bruxelles accepte les engagements de Microsoft et clôt son enquête sur Teams

La Commission européenne donne du fil à retordre aux géants technologiques américains. Après avoir infligé la semaine dernière une amende de près de 3 milliards d'euros à Google pour abus de position dominante dans le secteur de la publicité en ligne, Bruxelles annonce un accord avec Microsoft concernant son abus de position dominante sur la plateforme de communication Teams. L'exécutif européen a annoncé ce vendredi avoir accepté les engagements proposés par l'entreprise fondée par Bill Gates, notamment celui de proposer des offres de services sans inclure la plateforme de communication par défaut.
À l'été 2024, la Commission européenne a annoncé l'ouverture d'une enquête contre Microsoft pour violation des règles de concurrence de l'UE. Elle accusait le géant technologique d'abuser de sa position dominante en intégrant son outil de communication Teams à ses suites professionnelles Office 365 et Microsoft 365 , à un moment où les services de communication à distance devenaient un pilier des activités commerciales de l'UE.
Pour apaiser les tensions avec Bruxelles, Microsoft a fait plusieurs compromis. Elle proposera des versions de ces forfaits de services sans la plateforme Teams à un prix réduit. Elle permettra également aux utilisateurs disposant de licences longue durée de passer à des forfaits sans Teams, et facilitera une meilleure interopérabilité des fonctionnalités clés entre les outils de communication et de collaboration concurrents et certains produits Microsoft. Enfin, elle permettra aux clients de supprimer leurs données de la plateforme Teams afin de pouvoir migrer vers d'autres services concurrents s'ils le souhaitent.
Grâce à ces engagements, Bruxelles estime que les problèmes liés à l'association de Teams à des outils professionnels tels que Word, Excel, PowerPoint et Outlook, inclus dans les suites Office 365 et Microsoft 365, sont résolus. L'exécutif européen estime que ces mesures rétabliront une concurrence équitable pour les autres fournisseurs de communication à distance.
L'enquête fait suite à une plainte déposée par le concurrent des services de communication à distance Slack, qui a allégué en 2020 que Microsoft regroupait illégalement ses packages de services et violait ainsi la réglementation de l'UE par abus de position dominante, ce qui affecte à son tour la concurrence loyale.
L'entreprise fondée par Bill Gates a vu ses revenus exploser ces dernières années grâce à des offres professionnelles incluant Teams dans ses services de productivité. C'est précisément lorsque Slack a constaté un ralentissement de sa croissance qu'elle a décidé de déposer une plainte auprès de l'exécutif européen. Alors que Slack compte 20 millions d'utilisateurs, la plateforme de Microsoft en compte désormais 270 millions.
À cet égard, la vice-présidente de l'UE chargée de la concurrence, Teresa Ribera, a expliqué que « les grandes et petites organisations d'Europe et du monde entier dépendent fortement des outils de visioconférence, de chat et de collaboration, en particulier depuis la pandémie de coronavirus ». Par conséquent, « avec la décision d'aujourd'hui, nous renforçons les engagements de Microsoft à mettre fin à ses pratiques de vente liée, qui pourraient empêcher ses concurrents de concurrencer Teams, pour sept ans ou plus . »
Plus précisément, Microsoft devra désormais proposer des versions d'Office 365 et de Microsoft 365 sans Teams à un prix inférieur à celui des versions incluant la plateforme de communication. De plus, l'entreprise technologique ne pourra pas proposer de réductions pour Teams ni de forfaits incluant l'outil à un prix inférieur à celui des forfaits sans Teams.
De plus, elle devra proposer à ses clients la possibilité de passer à un service qui n'inclut pas Teams , et devra donc créer des centres de données dans le monde entier avec cette configuration, c'est-à-dire sans inclure les données de la plateforme.
D'autre part, il doit permettre aux concurrents de Teams d'assurer l'interopérabilité avec les produits et services Microsoft et d'intégrer des produits comme Word ou Excel à leurs applications. Il doit également permettre aux clients d'extraire des données de leurs messages pour les utiliser avec d'autres outils.
Ces engagements seront juridiquement contraignants pendant sept ans, à l'exception de ceux concernant l'interopérabilité et la portabilité des données, dont la durée sera prolongée à dix ans . Un superviseur sera chargé d'évaluer la mise en œuvre de tous les engagements par l'entreprise technologique et de servir de médiateur dans les litiges entre Microsoft et d'autres fournisseurs de services de communication.
eleconomista