La clé du catalan est à Berlin

La plupart des grands débats européens ne seront pas résolus tant que l’Allemagne n’aura pas choisi son camp. Le cas du statut officiel du catalan ne fera pas exception.
Berlin constitue actuellement le principal obstacle à son approbation dans les mois à venir. Le ministre d'État allemand pour l'Europe, Gunther Krichbaum, a été le premier à prendre la parole lors du Conseil Affaires générales de mardi dernier, qui s'est terminé par le report du statut officiel du catalan, du basque et du galicien dans l'UE. Son refus a ouvert la porte à d’autres, à commencer par l’Italie, pour cacher leurs doutes derrière l’Allemagne.
Les ministres du Parti populaire européen se sont réunis avant le Conseil pour partager leurs positions.Le nouveau gouvernement allemand est dirigé par le chancelier Friedrich Merz de la CDU, un parti qui entretient d'excellentes relations avec le PP. Dolors Montserrat vient d'être élue numéro deux de Manfred Weber au sein du Parti populaire européen (PPE). Mais Merz gouverne en coalition avec les sociaux-démocrates du SPD, et le PSOE appuie déjà sur ce bouton pour tenter de diriger le moteur.
Le ministre des Affaires étrangères José Manuel Albares était jeudi à Aix-la-Chapelle, accompagnant Felipe VI à la cérémonie de remise du prix Charlemagne à Ursula von der Leyen. Il profita du voyage pour insister sur ce point auprès des officiers allemands.
Le gouvernement a rencontré mardi trois blocs de pays. D'un côté, il y a ceux qui s'opposent à l'accord, ou qui y sont réticents : ceux qui, comme l'Allemagne, ne sont pas clairs sur le cadre juridique et financier et qui l'ont communiqué à Fernando Sampedro, le secrétaire d'État de l'UE, homme de Sánchez pour cette mission.
Le premier bloc est évidemment le plus problématique. Il s’agit de l’Allemagne, de l’Italie, de la Suède, de la Finlande, de l’Autriche, de la République tchèque et de la Croatie. Beaucoup d’entre eux sont régis par le PPE.
Lire aussiLe Parti populaire espagnol (PP) a reconnu ses efforts pour persuader ses alliés. Mardi matin, un petit-déjeuner de travail a eu lieu avec les ministres de la famille du PPE, auquel Montserrat, en mission aux îles Canaries, n'a pas assisté. Ces réunions sont courantes avant toutes les réunions ministérielles, mais dans de nombreux cas, elles servent à faire pencher la balance. Dans ce cas, par exemple, l’Autriche a décidé d’exprimer publiquement sa réticence.
Il y a ensuite les convaincus (Portugal, Belgique, Slovénie et Roumanie) qui ont ouvertement déclaré soutenir l’Exécutif. Et puis il y a la grande majorité, ceux qui n’ont pas parlé. Certains sont indifférents, comme la Grèce de l’ambitieux Kiriakos Mitsotakis, qui, bien qu’issu du PPE, n’a aucun intérêt à prendre position contre l’Espagne.
Parmi les silencieux, il y a aussi des partisans silencieux, comme Malte, l’Estonie, la Hongrie, l’Irlande ou le Danemark ; mais aussi des sceptiques, comme la Bulgarie ou la Lettonie. Le gouvernement estime que si un vote devait avoir lieu, ils ne constitueraient pas un obstacle. L’unanimité étant requise, il suffit qu’ils ne s’expriment pas. Si quelqu’un souhaite exprimer son désaccord sans s’opposer, une abstention est acceptable.
Les clauses économiques de l'accord du CESELe ministère des Affaires étrangères a récemment signé un accord permettant aux représentants espagnols de s'exprimer dans l'une des langues co-officielles lors des sessions plénières du Comité économique et social européen (CESE), un organe consultatif qui sert de pont entre les institutions exécutives et les citoyens. Dans cet accord, selon le document administratif obtenu par La Vanguardia , l'Espagne assume tous les coûts, tant pour le service d'interprétation pendant les séances plénières - qui doit être demandé au moins sept semaines à l'avance - que pour la traduction des communications entre les citoyens et l'organisation. Le CESE soumettra un rapport semestriel les détaillant, et le gouvernement devra vous rembourser dans un délai d'un mois, souligne-t-il. Et, dans le cas des communications, elles seront délivrées par le biais de traductions en espagnol : « Le CESE enverra sa réponse en espagnol à cet organisme », peut-on lire, « afin qu'il puisse envoyer aux parties intéressées une traduction certifiée de celle-ci dans la langue de la communication originale ».
Il y a deux cas particuliers. L'un est la France. Le ministre français a pris la parole, mais il s'est montré si volontairement ambigu que les sources consultées ne parviennent pas à s'accorder sur sa position. C'est la diplomatie de Paris qui, tout en souhaitant entretenir de bonnes relations avec Madrid, n'a aucun intérêt pour la diversité linguistique. Le PSOE estime que, si un vote a lieu, la France ne sera pas un obstacle.
L’autre est l’Italie. Le gouvernement de Giorgia Meloni ne veut pas décevoir ses alliés du PP et de Vox, mais il ne veut pas non plus être le seul à opposer son veto à la mesure et se contente de l'argument du manque de garanties. C’est pourquoi tous les regards sont désormais tournés vers l’Allemagne. Si le bouclier allemand tombe, pense le PSOE, le reste de l’opposition suivra. Ou du moins, ils ne seront pas si désireux de s’exprimer contre cela.
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