COMMENTAIRE - Des physiciens et météorologues allemands lancent un avertissement alarmiste sur le changement climatique : c'est une grave erreur

Dans leur « Appel Climat 2025 », deux associations professionnelles recourent à des prévisions extrêmement pessimistes pour inciter les décideurs politiques à agir. Ce faisant, elles repoussent les limites de l'acceptable en matière de recherche climatique. Elles devraient retirer ou réviser leur document.
Dans une déclaration commune publiée la semaine dernière, les associations professionnelles de physiciens et de météorologues allemands ont plus que jamais alerté sur le changement climatique et appelé à l'action. Cependant, elles ont pris des risques considérables. Les affirmations individuelles se situent à la limite de ce qui mérite d'être débattu dans la recherche climatique.
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Avec leur « Climate Call 2025 », la Société allemande de physique et la Société allemande de météorologie desservent le débat sur le changement climatique. D'une part, ces déclarations alarmistes risquent de saper la réputation de ces sociétés professionnelles en tant que représentants sérieux de la science. D'autre part, elles brouillent la frontière entre opinion scientifique et activisme politique, menaçant ainsi la crédibilité de la recherche climatique.
Un réchauffement de trois degrés d’ici 2050 est extrêmement improbableLe changement climatique s'est accéléré, indique le résumé de l'« Appel pour le climat » : le réchauffement pourrait atteindre 3 °C par rapport aux niveaux préindustriels dès 2050. Cependant, le climatologue américain Zeke Hausfather a qualifié ce scénario d'« extrêmement improbable ». Les projections du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) des Nations Unies indiquent que la hausse des températures sera bien inférieure. À ce jour, le réchauffement a été d'un peu moins de 1,5 °C ; une augmentation d'environ 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels d'ici 2050 est plausible.
Quoi qu'il en soit, la recherche climatique ne s'accorde toujours pas sur la question de savoir si l'on peut d'ores et déjà parler d'une véritable accélération du changement climatique et si celle-ci va se poursuivre. La période observée est trop courte et les fluctuations naturelles trop importantes. Des effets ponctuels, comme la baisse de la pollution atmosphérique, ont également contribué au réchauffement. Le changement climatique n'a peut-être connu qu'une accélération temporaire.
De plus, la version abrégée de l'« Appel climatique » indique qu'un réchauffement pouvant atteindre 5 degrés Celsius est probable d'ici la fin du siècle. Cette affirmation se situe également à l'extrême limite de ce que produisent les modèles climatiques lorsqu'ils sont alimentés par des hypothèses extrêmes sur les émissions futures de gaz à effet de serre. Une telle augmentation de température est improbable.
L'« Appel Climat 2025 » n'a pas été approuvé par tous les membres des deux sociétés professionnelles. On peut également se demander si les membres les plus compétents ont pu y participer. Il est certain que tous les membres ne soutiennent pas le document. Des chercheurs l'ont déjà indiqué.
Le pronostic nutritionnel est basé sur une seule étudeL'affirmation concernant l'accélération du réchauffement climatique n'est en aucun cas la seule déclaration alarmiste de l'Appel pour le climat. La déclaration complète indique également, par exemple, que selon les prévisions, « la production alimentaire pourrait diminuer de 6 à 14 % d'ici 2050 ». Cela pourrait « affecter de 556 millions à 1,36 milliard de personnes supplémentaires en situation d'insécurité alimentaire grave ».
En réalité, la production alimentaire n'a pas diminué au cours des dernières décennies, mais a continué de croître. Certes, des pertes de récoltes sont envisageables si les sécheresses deviennent plus fréquentes et les températures augmentent, mais rien n'est moins sûr. Les chiffres de l'« Appel climatique » sont aberrants, issus d'une seule étude fondée sur des hypothèses extrêmes. Par exemple, ils ne tiennent pas compte des progrès agricoles attendus qui contribueraient à l'adaptation au changement climatique.
Sur la base de ces affirmations exagérées, les auteurs de l'« Appel pour le climat » formulent une prédiction particulièrement pessimiste : l'accélération actuelle du réchauffement climatique « fait peser un risque très élevé sur la survie des sociétés civiles », affirment-ils à un moment donné. Cet avertissement exagéré ne reflète en rien le consensus de la recherche climatique.
Face à ces déclarations alarmistes, il faudrait sérieusement conseiller aux sociétés professionnelles de retirer l'« Appel Climat » – ou du moins de le réviser. Les scientifiques feraient mieux de laisser l'activisme, avec ses exagérations habituelles, aux militants.
Hannes Wilhelm
Il y a un an, un professeur de physique climatique de l'ETH Zurich évoquait, lors de sa présentation, un réchauffement de 7 à 8 degrés d'ici la fin du siècle. Cette hypothèse n'a-t-elle pas été suffisamment étudiée ? Ou l'ETH Zurich manque-t-elle également de crédibilité ?
Ralf Michael
On ne peut donc faire qu’une seule comparaison : le lobby climatique se comporte comme l’Église catholique au début du Moyen Âge.
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